blanquette de veau, couscous, bœuf bourguignon, salade de poivron, pot au feu et os à moelle, chorba, purée de pommes de terre maison
le générique vintage du journal télévisé, le chef de table demandant un silence qui ne durait pas
la coquille du roudoudou me blessait la commissure des lèvres, les bâtons de réglisse mâchonnés jusqu’à l’écoeurement
l’odeur du shampoing aux œufs qui piquait les yeux
la croûte du genou blessé grattée et arrachée régulièrement
la cantine de l’école, le bruit, le raisin n’est plus le même, les mandarines non plus ; maintenant, on mange des clémentines
une colonie de vacances sous la tente, l’arrivée des colis
la cour de récréation et les marrons d’Inde
le café au lait du matin et la tartine de pain beurré coupée
le libraire, le magazine Pif gadget et le cadeau encore sous plastique
les grands cônes de pochettes surprises, aucun souvenir des cadeaux à l’intérieur
mes doigts sur les yeux de l’escargot
les libellules vertes et bleues aux ailes irisées, la chasse aux sauterelles
le bruit de la craie sur l’ardoise noire au cadre de bois, l’odeur de l’éponge humide dans sa petite boîte ronde
l’odeur de la colle en pot, un goût d’amande, son petit bâtonnet rangé dans petit trou prévu à cet effet
la poussière en suspension dans un rayon de soleil
la pièce de 1 Fr laissée par la petite souris
les odeurs d’alcool des polycopies de la maîtresse, la couleur violette sur le papier
les scoubidous et les colliers de perles fait main
sur les bords de la Garonne, le chant d’une tourterelle l’été
la musique de la camionnette du marchand de glace
l’odeur de l’arbre aux papillons
le ticket de métro jaune avec une bande marron, la petite ceinture faisait le tour de Paris (le bus)
les téléphones à pièces dans la rue…
mettre les doigts sur les yeux de l’escargot et l’odeur de la colle en pot, beaucoup de chose vécues dans ce vrac, comme des petites lumières qui se rallument depuis le noir
Dans ce vrac tant d’instantanés que j’avais oubliés jaillissent comme un feu d’artifice et comme l’écrit si joliment Isabelle « des petites lumières qui se rallument depuis le noir ».
Merci à toutes les deux.
on mange de tout chez toi, on a les odeurs et les goûts
et puis soudain le rythme s’accélère, les mots vont plus vite… les poussières, les perles, les tourterelles…
merci pour la découverte de vos émerveillements
Les roudoudous, la colle, l’odeur des polycopiés, des points communs que j’avais évacués de mon esprit et qui reviennent grâce à toi