Se lover comme un fœtus dans le creux de l’oreille à écouter la vie entendre le glouglou utérin comme un rêve lointain le regard amniotique la lumière balayant un brouillard fiévreux mériter l’inconscience à toute épreuve de l’école obligatoire avec pour seule obligation garder le lit, de ses lèvres maternelles prononcer la sentence un gros trente-neuf thermométrer pour vérification énoncer la température de son corps d’enfant et non celle de son amour pour lui, le décliner en une tasse de tilleul au miel et plus encore en une purée de pommes de terre pur beurre au jambon haché, se pencher sur lui de son ombre imposante de docteur parfumée d’eau de Cologne décoller ses lèvres d’un bâton-coton déclarer fièvre aphteuse une bizarrerie pour originaux en principe non transmissible à l’homme générique impossibilité d’ouvrir la bouche cousue de cloques dedans dehors jusque dans la gorge diluer le bleu de méthylène et badigeonner à faire pleuvoir les étoiles de la douleur et le laisser retomber lourd de vide aspirer le bouillon à la pipette découdre le point d’ourlet des paupières faire parler les yeux pour sortir du silence de la bouche attendre tout le jour le son de la clenche celui des patins glissant sur le plancher la revoir enfin mère ou fantôme en bordure du lit une boîte de couleurs et un album une promesse de tendresse un ballet de mains, colorier ensemble.
Quel beau texte ! Merci
Quel joli parcours que ce texte qui donne envie de revenir en arrière avec cette enfant
Joli mais douloureux, on ressent vraiment bien l’infection et ces empêchements douloureux.