Perdu… pourtant désireux de franchir l’incompréhension, s’entêtant, revenant un peu en arrière jusqu’à ces mots à partir desquels il a buté, comme prenant élan, s’arrêtant, laissant pénétrer les idées.
Perdu, pourtant certain que cela lui importe, son front penché sur la page, ses yeux qui se lèvent, trouvent la lumière de la fenêtre, trouvent mes yeux, se détournent pour refuser l’aide.
Perdu au seuil du langage portant les idées des adultes, au seuil de ce qu’il appelle, à tort ou à raison, d’un mot qu’il vient de découvrir, notion, au seuil de ce qu’il désire, au seuil de ce qui peut justifier la beauté de la vie.
Perdu, maintenant les yeux fixés sur un détail du tableau près de la fenêtre, quelque chose d’infime, chantonnant une sorte de mélopée, vérifiant sur sa tablette le sens d’un mot, il sourit, prend appui.
Il sourit, les sourcils un peu froncé, il reprend le livre, chasse d’un geste de la main mon attention, il se hisse avec les mots.
Il se hisse et la petite tension qui se devinait à peine sur son visage s’efface lentement, il parcourt maintenant le texte et ses lèvres s’entrouvrent, libèrent le souffle dans un sourire… je sens que le souvenir d’un jour très lointain dessine sur mon visage en écho un sourire. Il se retourne les yeux brillants, il me toise avec l’agacement que l’on a pour un importun indiscret.
prendre appui, c’est un inifinitif qui me plaît.
merci
Infiniment là, la présence, et le regard porté,
Très fort.
grand merci Catherine
perdue pour situer le il
approche étrange et pleine d’émotion
le il reste le il (au moins pour le moment) – merci pour votre passage
je garde dans le corps ce « Perdu, maintenant les yeux fixés sur un détail du tableau près de la fenêtre, quelque chose d’infime, »
ce quelque chose d’infime m’interpelle
et très beau la reprise du « il se hisse » en transition de l’avant dernier et dernier fragment, mais qui est ce « il » ?
e n’ai pas les réponses 🙂
aimé cette insistance de l’enfant, insistance à comprendre, entêtement. qu’il y ait là un enjeu. et ce désir de faire son chemin seul, s’aidant des outils d’aujourd’hui.
aimé le regard en surplomb, attentif, sa retenue, son amour.
« l’agacement pour une opportun indiscret » !!
tout très juste, très fin
On est avec lui totalement : son attention tout à la fois têtue et flottante, ses échappées pour reprendre souffle. « il se hisse avec les mots » c’est très beau.
Merci Véronique, merci Nathalie … et pardon, je me noie dans un dé à coudre ou dans des dés à coudre et ne lis guère
touchée et honteuse
« il se hisse avec les mots » Il toise l’aidante pour regarder au-delà de ses yeux et de sa sollicitude. Il veut au final s’en sortir par ses propres moyens. C’est dur de grandir et de « gravir » dans une langue. Il faut « pourtant » continuer à le regarder, ne pas lâcher le fil qui le relie à ses espoirs d’émancipation. Votre texte en escaliers de hauteur inégale parle de cette belle expérience que vous avez des êtres demandeurs de mots.
j’avoue que n’y pensais pas… mais en effet a journée va être très ça