Mangé. Dans la boîte inutile de bois gaspillé. Dans la boîte que la loi oblige, obligatoirement facturée. Conformité de la boîte, protocole respecté. Je ne sentirai pas les flammes mangeant, dévorant ce que je ne suis plus.
Il est mangé de barbe, de poils, de mauvaises herbes, de chiendent, de lichens, de lierre, de mousse. Il est dévoré par le feu qu’il a choisi, tout réglé d’avance, pour ne déranger personne.
J’ai mangé, pourtant. J’ai mangé beaucoup, peu, trop, bien, mal. Sans faim, de bon appétit, comme quatre, avec mes doigts, à belles dents, à ma faim.
Chaud, froid, gras, maigre, il a mangé de tout, y compris ses mots. Il n’a jamais mangé la laine sur le dos d’un autre.
J’ai mangé des yeux, de baisers, de caresses.
Il a mangé le nez de ses adversaires et jusqu’au blanc des yeux quand il le pouvait. Sans craindre. Sans regret. Avec jouissance.
Je suis dans la flamme où tout finit, plus que cendres, satisfait de ne pas contraindre les vers à me manger.
brillant comme le feu qui te (nous) mangera
Gravir les échelles, pas di léger au fond – contente de te lire ! Merci.
Inquiétant… troublant . Vivant. Jouissant. Angoissant . ( mais je veux bien que les vers me mangent être poussière plutôt que cendre)
poème/hymne et j’aime tant son appétit jusqu’au nez de l »adversaire mais que l’issue soit dans les cendre et tant pis pour les vers
Jouissance un rien cannibale. Manger c’est vivre, à n’en pas douter.
Beau texte troublant, percutant
Merci Huguette, Perle, Brigitte, Nathalie, Catherine, Daniéle de vos passages et de vos mots. Grands mercis pluriels
« La vie peut-être, les tentatives d’aimer, de manger, d’échapper aux justiciers. »
« Ma dernière cendre sera plus chaude que leurs vies. »
Merci U
Encore…
« S’il mangeait, et il mangeait copieusement; s’il buvait, et il buvait abondamment; […] ce n’était pas par besoin de nourriture, ou de boisson, ou de sommeil, ou d’autre chose, non, mais par besoin d’être sans besoin, à tout jamais sans besoin, de nourriture, de boisson, de sommeil et d’autre chose. »
Je dis merci, parce que j’allais, cherchant, attendant, le moment où je retournerais à Beckett et ce texte…
évidemment, mon exercice 3 s’en voit encore un peu davantage reculer dans les limbes (mais c’est pas Grave)
« Ce soir, à la maison, qu’il place des bûches sur le feu, comme on lui permet de le faire : il les verra brûler dans un autre monde.
Qu’il parle, pour lui seul : les mots retentiront dans un autre monde.
(…)
Et plus tard, bien plus tard, de longues années plus tard, seul, (…) Il pose le livre, il va garder en esprit, il ne sait encore pourquoi, le mariage des phrases et de la cendre. »
(je me rapproche du 3)
Merci Véronique Müller. Hâte de lire votre approche de ce 3. Et grand merci pour Beckett.