Escalader. Pourquoi ?
Dès mon plus jeune âge, j’ai su qu’escalader serait ma vie. J’escaladais les talus abrupts et escarpés, je grimpais évidemment aux arbres. Si on m’avait demandé pourquoi j’escaladais, j’aurais été bien en peine de répondre. J’étais incapable de mettre des mots sur ce qui se produisait. Un jour, j’ai escaladé plusieurs murets de différentes hauteurs et me suis retrouvé sur le préau de l’école.
Sur le préau, se sentant presque indépendant, il avait été à deux doigts de poursuivre son escalade, mais on l’avait rapidement repéré et il avait dû redescendre illico. La surface du préau n’avait certes rien d’intéressant, il n’avait aucune idée de ce qui en constituait la structure, mais ce qu’il voyait c’était du béton boursoufflé et craquelé, formant un agglomérat de petites collines et de cratères dans lesquels stagnait une eau sale couverte de feuilles mortes,
Cette envolée vers un espace connu de lui seul, comme ce préau où personne d’autre n’osait s’aventurer, ses camarades l’ayant regardé avec stupéfaction depuis le sol, n’avait été qu’un début. Le préau était presque un sommet, aucun doute que le prochain objectif serait un toit. Rien qu’à l’évoquer, je ressens la griserie que l’idée même d’y parvenir m’avait procurée.
Et puis avec le temps, j’ai arrêté de grimper aux arbres tout en continuant d’escalader des sentiers et des obstacles de plus en plus abrupts dans les montagnes comme dans les détours vertigineux de ma vie.
C’est beau ce désir d’escalade, un préau premier sommet, le prochain sera un toit et cette chute, grimper « dans les montagnes comme dans les détours vertigineux de ma vie. »