1/ Perdu parmi les autres, tant de regards, que j’admire, espérant être fort pour passer l’épreuve. Alors sur les rochers rouges et coupants, presque tremblant, attendant mon tour, je regarde les oursins noirs et piquants.
2/ Il est perdu parmi les autres, perdu dans ces regards aimés, il espère être courageux. Dans cette crique de rochers rouges, il tremble un peu ; il attend, il doute. Il ne peut pas poser le pied, les oursins noirs veillent, il les regarde.
3/ Je suis perdu, pourquoi, ici, je ne sais rien de ce qui l’oblige. Je pourrais refuser, ils auraient compris, mais je ne peux pas, je me le dois, et ils sont là, il me regarde.
4/ Je plonge le second dans les eaux bleues, il me suit, j’avance droit devant, je tire sur une corde invisible, je ne veux pas lâcher. Le monde est divisé, sur la berge je les entends, je me retourne, je les vois, loin, sous moi, ces taches noires, je sais ce qu’elles sont ; et tous ces dangers que je ne connais pas.
5/ Il plonge, il n’est pas seul, mais dans cette eau bleue, il y a deux mondes, celui de la surface, à la hauteur de ses yeux, où tout devient lointain, de là viennent les encouragements, et derrière lui il y-a un demi-dieu protecteur, et ce monde du dessous, ce liquide agréable qu’il sent sur sa peau, ces taches émeraudes et ces piquants noirs, et tout ce qu’il ne voit pas, je le vois, nageant.
6/ Je suis cette eau méditerranéenne, le soleil qui m’a séché, ces rochers rouges et ce regard. Je suis un album photo avec de grandes marges blanches, les premières pages trop usées, mais tant aimées. Je suis le touriste, gardant de ce pays, l’eau chaude et bleue, le soleil et le temps arrêté, l’étranger à sa vie, celui qui a été l’enfant nageant dans cette crique, cet été-là.
Codicille: Je ne sais pas si j'ai respecté la consigne.
c’est beau comme des vagues votre texte, les changements de narrateur nous emmènent un peu plus loin à chaque fois.
Très sensible au mouvement aussi . Et la quasi équivalence des paragraphes y contribue . L’alternance des je et il qui opère un jeu de distances.
Merci isabelle et Nathalie
Merci Laurent pour ce beau texte. Je me suis beaucoup appuyé sur lui pour tenter l’exercice. Tes oursins ont plus compté que la consigne. Merci, merci.
ah oui tu y es complètement !
c’est très beau, les éléments du décor parfaitement posés et l’eau ondoyante transparente, tout ce qui ne se voit pas, tout ce qu’on a à redouter, le monde du dessous
c’est totalement réussi et ton paragraphe 6 boucle à merveille…
(beaucoup aimé…)
oui le mouvement comme les vagues qui viennent lécher les rochers, l’eau encore transparente, les couleurs et puis « je suis cette eau méditerranéenne » que j’aurais pu dire il y a très longtemps