Je pousse une lourde porte en bois, elle s’ouvre sur un long corridor à l’horizon duquel une autre porte est à jamais fermée. Tout de suite à gauche de l’entrée un miroir est accroché au mur au-dessus d’une fontaine alimentée par l’eau pompée au puits à l’extérieur. Mon grand-père se rasait là ! Et puis il y a cette porte de la salle à manger où il ne faut pas aller, et où nous allons quand même à la recherche de ses secrets. Nous n’y mangions jamais sur cette belle table recouverte d’une nappe brodée de dentelle. Les chaises en cannage à l’assise tressée en rotin donnaient un aspect exotique à l’ensemble. Je n’ai pas souvenir du buffet, mais du piano toujours fermé, avec une partition posée sur un pupitre. Il me fascinait. Bien des années plus tard, j’ai compris que les secrets étaient dans le cœur de ma grand-mère. Il ne fallait pas y toucher.