La boite à chaussures était la boite à cartes postales. Ou la boite à cartes postales était une boite à chaussures. Comme il était difficile d’ouvrir cette grande boite en carton renforcé. Avait-elle un code secret ? Un secret de fabrication qui rendait son ouverture si complexe ? Il fallait la retourner ou tourner autour pour en comprendre le mystérieux mécanisme. En soulevant le couvercle d’un côté, la boite respirait. Un premier souffle, elle s’animait et aussitôt se refermait en expirant profondément. Les doigts bien posés sur le bord et une main sur la surface lisse du corps de la boite pour seul appui, toutes tentatives donnaient le même résultat : la boite – ou ce quelle contenait – soufflait bruyamment puis… plus rien. Elle inspirait à l’ouverture et expirait pour se refermer. Le couvercle glissait doucement, et reprenait sa place. La boite avait le souffle court, il fallait sans doute la secouer, mais des années de correspondances des quatre coins du monde l’avaient considérablement alourdie. C’était une boite en carton épais recouvert d’une couche brillante et glissante. Reprendre son souffle. Respirer plus fort que la boite dans une tirée puissante du bout des doigts pour extraire cette tête qui empêche d’accéder au trésor ; crier pour arracher à la terre un surcroit de force et si cela ne marche pas l’écraser du poing, marcher dessus, la piétiner jusqu’à ce qu’elle cède.
Cette boîte qui respire nous arrive sans détour du temps où tout était vivant, premier temps de l’enfance si difficile à capter. Merci Romain pour ce texte qui me donne envie de rejoindre l’atelier en cours.
oui j’aime sa respiration, son inspiration à l’ouverture qui nécessite que l’on retienne son souffle