Silencieusement se glisser comme un serpent, puis escalader, grimper, ouvrir la trappe, la refermer aussitôt. Alors c’est le silence et la poussière. La lumière dorée coule de la lucarne sur le parquet rugueux. L’air est pailleté de fines particules. L’osier des malles luit suave comme un sirop. Au coin de la pièce s’élève une colonne de papiers épais qui ne semble pouvoir receler que d’opulents testaments où s’étalent propriétés luxuriantes, forêts de palmiers, singes bondissants, orchidées lourdes sans oublier la longue liste des bijoux et étoffes, profusion de mots gourmands – brocart, émaux, taffetas, mousseline – autant de trésors hérités de lointains aïeux s’étant prêtés un temps qui au brigandage, qui à la piraterie. Le testament n’est pas parcouru que les mains déjà frissonnent au contact des parures absentes, et le corps s’alanguit dans des phosphorescences brumeuses… Dans la malle, une succession d’objets en papiers et cartons : feux pyriques, dessins représentant les spectacles d’ombromanie de Félicien Trewey… Soigneusement repliés, différents dioramas et autres panoramas, figurent une fois montés des paysages à la profondeur inattendue, parcourus de petits personnages, qui gisent inanimés dans le fond, aux côtés des zograscopes et autres théâtres d’optique. Le merveilleux côtoie l’indéchiffrable. La main qui caressait tantôt les richesses absentes manipule, tâte, monte, démonte… Combien d’heures et de coupures pour reconstituer l’improbable abat jour, ses quartiers médiévaux, ses ruines anciennes ? Et où trouver une fois l’illusion prête à l’emploi, le support pour produire l’éclairage nécessaire au miracle nocturne ?