Il a fallu que j’ouvre un énième fichier…le ménage d’hiver n’a pas zencore commencé, c’est moins grave.
Je ne voulais pas ne pas. Il est 6h23. Il y a à peu près deux minutes, j’ai découvert quelque chose. A mes Zyeux d’àmoua. Au début, bien sûr, bien sûr, j’ai eu honte. Mais comme j’ai une certaine pratique maintenant que j’y baigne depuis plus de quarante ans, ça me brûle moinssss la pieau. Quoi faire ? L’avouer ? L’admettre ? Certes, certes. Mais y mettre les formes, ne serait-ce que pour accommoder ce goût amer et nauséeux. Un peu de sel, par pitié.
Il y a des titres de livres que je garde en mémoire, précieusement. A eux seuls, ils convoquent des zimages précieuses à mes Zyeux d’àmoua.
Un arbre, grand, beau, avec les petites feuilles sur les grandes branches qui pèsent vers le bas pour accueillir et protéger, c’est cet arbre sous lequel mon grand-père garait cette voiture magique dont l’arrière se baissait une fois à l’arrêt. Je me souviens rester assise le temps de sentir cette petite descente. Mais je ne me souviens pas l’avoir sentie. Puis on allait au PMU valider les courses que ma grand-mère avait mis toute la première matinée à affiner au gré des différents journaux spécialistes en la matière. C’était un rituel immuable. Elle se levait aux aurores, dépouillait les interviews des jockeys pour affiner son calcul sur l’indice de corruptibilité de telle ou telle écurie. Elle misait quelques 100 francs tous les matins et en gagnait quelques 200 ou 300. Une fois je me suis retrouvée, sans le faire exprès, du bon côté de l’armoire où elle rangeait tout ces billets gagnés. Ils en tombaient de l’armoire tellement il y en avait. C’est le seul souvenir que j’en ai. Des billets qui débordent de l’armoire blanche en formica. Je n’ai jamais très bien compris l’intérêt de ce rangement ni l’angoisse qui commença de ronger ma grand-mère quand elle a vu que j’avais vu. Il y a eu un avant et un après cet instant. Que je n’ai pas plus compris. Ou plutôt que j’aurais aimé ne pas comprendre instinctivement. Finalement, j’aurais préféré qu’elle ne me regarde jamais, qu’elle ne prenne jamais conscience de mon existence. Mais ça, on s’en rend compte toujours « après ».
Il est 6h51. Cela fait maintenant exactement trente minutes que je me suis retrouvé encore une fois du « bon côté de l’armoire ». Et j’aurais encore préféré ne pas. Mais ça, on ne s’en rend compte toujours qu’« après »
Je ne me souviens pas du jour où on m’a dit que cet arbre s’appelait un Saul-Pleureur. Mais je trouvais que ça ne lui allait pas du tout du tout.
Pourrais-je donc un jour lire Le Grand Meaulnes au risque de perdre cet arbre ?