Il est posé, ancré, peut-être scellé dans le sol : les jambes ne sont pas vues. Le blouse blanche ronde de gras et de muscle éloigne l’âme et ses humeurs. Pas de doute pour qui manie le hachoir. Rien n’hésite dans les mots, nets comme des œufs. Pas de coin dans les phrases, des cercles parfaits. De la pointe du couteau, il vante à son voisin son cervelas et le lui fait goûter. En plein marché, à dix heures, une hostie du rose pale d’un sexe jeune, piquée à la pointe d’un couteau, s’élève. Il n’y pas d’ombre dans la scène. Le réel est entier. D’en bas, il est fasciné, il a été pris. Il en a perdu le temps. Il tourne la tête et il n’y a que les bustes de la foule. Il n’est pas regardé. Il est invisible. Le monde s’est agrandi d’un coup. Dès l’ici, tout est inconnu, sans direction. Il n’existe que pour la peur. La course le sauve.
Whaou Tristan, cette scène d’un Saint Nicolas retourné, ( tu connais la complainte des enfants mis au saloir par un boucher véreux, et rendus à la vie lors du passage de Saint Nicolas dans la boutique ?) et la course des petites jambes comme venue de la Nuit du Chasseur, tout ça en 10 lignes… ça promet des suites fabuleuses,
CS
Je n’y avais pas du tout pensé à Saint-Nicolas. Et pourtant étant originaire de l’Est, il est dans l’imaginaire.
oh oui, c’est tout à fait ça, je vois la scène où le prédicateur tient la tête de John calée contre le dessus du tonneau dans la cave, et la lame du couteau qui brille
Merci!
Un personnage réussi, planté solide terrifiant on le voit bien depuis le bas. Bravo et pour l’humour aussi.
Formidable à chaque phrase. Et l’humour.
« En plein marché, à dix heures, une hostie du rose pale d’un sexe jeune, piquée à la pointe d’un couteau, s’élève. Il n’y pas d’ombre dans la scène. Le réel est entier. D’en bas, il est fasciné, il a été pris. Il en a perdu le temps. «
Tchac !!