L’envie de dormir, espérer grâce au sommeil restant en lui, rêver à ces quelques jours à la maison. La tête dans la ouate, les yeux pleins de croûtes, le nez bouché, le front chaud et une légère toux presque toujours en renfort, rêver les jours sans école, mais le premier matin, celui du possible, attendre le verdict du thermomètre avec confiance dans ses symptômes. Annoncer le verdict : malade. Les autres au départ, des regards pleins d’envie, un peu de comédie par politesse, massage au Vicks Vaporub, l’eucalyptus sur le torse et son agréable odeur exotique, voyage immobile. Le silence, les draps chauds, le sommeil rampant, l’abri de l’enfance, la quête du dimanche matin de l’adulte traînant au lit. Le réveil dans le silence, le temps étiré, la longue et belle matinée de l’enfant malade, le matin composé d’un peu de lecture, de jeu solitaire, et la visite du docteur, l’homme en costume et au gros cartable, l’éternel écolier, mais ce bâton sous la langue, une vengeance du condamné, puis le repas, mais avant les grosses gélules, les poudres dans l’eau au goût amer, le médecin rancunier, un complot avec le pharmacien. La gorge serrée à chaque bouchée, le point entre les yeux, un clou dans le crâne. Les programmes à la télévision de l’après-midi, une série française, une émission pour les femmes, visite chez les adultes et leur ennui, les séries américaines et les gentils rassurants, le sommeil tout près. La fièvre de la fin de journée et ses frissons, un malade, sans aucun doute. Tôt au lit, vaincu par la maladie et heureux comme un pacha, le sommeil lourd à venir.
« Un peu de comédie par politesse « « la longue et belle matinée de l’enfant malade » « de l’enfant comme un pacha » … on sent bien tous les moments de cette journée au lit et j’aime l’idée des dimanches matin de l’adulte comme une mémoire de cet abri de l’enfance