On n’y entre qu’accompagné et avec retenue, adulte encore, la minuscule déclivité du plancher est un seuil où le pied achoppe. On demande la permission de s’avancer, même si la porte est ouverte. L’idée ne viendrait jamais de frapper à la porte fermée, ou d’y pénétrer si elle n’est pas occupée. Il y a d’abord l’ordre : l’armoire, le lit, les deux tables de nuit, le froid : il n’y pas de chauffage. Dans l’enfance, assis sur le lit le dos droit de gêne, les portes de l’armoire se sont ouvertes sur des vêtements pendus, jamais vus sur des corps, sans épaisseur, serrés : leur couleurs grises. Posé sur la planche la plus basse, le coffre. Il est sorti, posé sur le couvre-lit fait au crochet. Il a été fait à la main, des plaques de métal soudées, couleur d’une rouille sombre qui aurait été figée. La clé assez grosse reste dans la serrure. Ce serait trop facile de dérober et c’est impossible. On ne met pas la main dedans, on regarde, on demande : le livret de famille, on vérifie la présence de son nom, les livrets de caisse d’épargne, on le total abstrait de son avoir, le livret militaire, quelques billets. C’est presque vide, le centre de la maison.
J’aime beaucoup ce texte, il restitue une atmosphère de retenue, de respect, de sérieux, de gravité.
Merci!
atmosphère forte d’un mystère bientôt dévoilé (enfin peut-être…)
juste des papiers, toute une vie résumée
et on se souvient de tels moments de découverte au grenier, lettres rédigées à l’encre ou cartes postales qui en disent long
merci Tristan
Merci Françoise
il me semble que je la vois cette pièce. je ne suis juste pas tout à fait sûre de l’emplacement des meubles. je vois les battants ouverts de l’armoire, le coffre posé sur le couvre-lit. je suis curieuse, tout de même, de qui loge là, j’ai l »idée que c’est un couple (les 2 tables de nuit). je n’oserai rien demander, resterai sur le seuil. quelque chose de rustique, d’ancien. de rustre. (quelque chose des sabots en cuir de van gogh, de la maison de ma mère, aussi).
Merci!