La rue, elle faisait des tours, des boucles. Elle bordait et contenait un petit quartier. C’était la dernière maison, le bout. Il habitait là et on le rencontrait, montant ou descendant de sa voiture, satisfait. Une laide voiture en forme de poire. Son ventre était énorme au regard du reste de son corps, loin de l’obésité. Sa courbe, sa fonction graphique, je la tracerais, mais ce qu’il faudrait dire, c’est l’arrondi, la tension sur le pull lie de vin étiré, et la question de savoir comment ce ventre avait pu croître (je n’avais pas vu de femme enceinte alors) et comment pouvait-il être marié, et essayer de l’imaginer au lit, voire même s’accouplant. Le visage était rouge et bordé de de favoris. Des lunettes assombrissent mon souvenir. Sa mort a été évidente.
Râblé, le gars. Épaules musclées en pente, buste vers l’avant. Le regard court, la mâchoire taurine. Il marchait vite, à petit pas dans la légère montée. Je vois une veste d’une teinte éteinte, d’étoffe lourde, ouverte. Il n’a pas de nom, il n’est connu d’aucune manière, il habite dans les blocs bleus. Il marche en suivant le trottoir, mais sur la route, et ce à chaque fois. Pas de pensée pour le ralentir ou arrêter. Est-ce qu’il a choisi lui-même d’avancer tel un bestiau ?
On le voyait passer : épaules larges, chevelure blonde et libre, moustache, et je ne savais pas que c’était Vercingétorix. Il habitait dans la ligne de maisons accolées juste avant le bois, deux pièces en enfilade, un toit d’un seul pan. Elles sont en instance de démolition, mais embarras des pauvres à reloger. Il habitait là avec sa maîtresse et la battait comme plâtre. Sur la peau bronzée de qui travaille dehors des tatouages baveux de taulards. Une fois, après le déjeuner, au bord du chemin qui passait entre les jardins, coupait, près de l’angle droit, je l’ai vu accroupi, chiant. Je ne le crois pas doué de parole.