Dimanche
Le plus long dans l’écriture c’est de s’autoriser à écrire ce qu’on veut absolument écrire. Je négocie comme au marché des Vacillantes chaque changement de destination d’un texte. Or, à part moi, qui pourrait s’offusquer que ce ne soit plus Selim, mais Osmin qui vive ou dise ou rêve ceci ou cela ?
Lundi
Matinée d’écran pour la mise en forme du Journal d’un Mot, puis du livre. J’essaie pour le premier cette forme très aérée qui s’est proposée pendant une insomnie gantoise. J’écris quelques textes au passage… Bagarre avec le gabarit accueillant le livre. Le passage au PDF est un massacre. Je change de monture. Tout ça prend du temps. C’est aussi du temps d’écriture. Je change le chapitrage, ça me fait drôle, une ligne (AU COMMENCEMENT…), tout un émoi. Je me fais bien rire. Je veux dire que ma capacité à sacraliser le texte, y compris le mien, est d’abord risible. Ensuite, elle raconte pas mal de choses sur notre relation à l’écrit, à la fiction, au refus de la fiction… Donc, un changement bien timide, mais à quoi bon presser l’organisation de l’ensemble ? Je prendrais le taureau par les cornes en octobre, d’ici là je laisse venir à moi les petits enfants. Des charnières manquent. C’est déjà beaucoup de le savoir. Le temps du PDF, c’est l’occasion de voir non pas encore « ce qui reste à écrire », mais où ça bourgeonne, où ça prend racine, où ça rhizome.
De l’impossibilité de savoir « combien » j’écris par jour avec tous ces petits chantiers ouverts. Mais finalement, en quoi est-ce pertinent au point où me voilà rendue ? Il y a quelque chose de la fatigue des textes (comme de la salade) qui pourrait s’expérimenter ainsi, avec un objectif chiffré. On le fait pour la marche, le vélo, le sport, pas la peine d’être bégueule pour l’écriture. C’est une expérience d’écrire dix pages par jour, ça dégage de ce « petit », dont on fait l’apanage des femmes, ça dégage l’idée du bien fait, du fini, ça fait respirer autrement. J’ai longtemps souhaité écrire tous les jours, je crois que c’est un souhait qui remonte à l’enfance. Je rêvais d’écrire. Mettre ça en marche n’a pas été simple ni évident. La rue de ce désir était tout à fait entravée, essentiellement par mes propres contradictions. Depuis trois ans, avec le Journal d’un Mot, j’ai pris ce pli. Depuis deux ans, il s’est doublé d’un autre journal, papier, pour moi seule. J’ai dû le suspendre pour tenir ce journal d’écriture, Écrire l’été, dont je ne sais combien de temps il durera.
Aujourd’hui d’ailleurs, j’en ai eu ras la casquette de l’écran et du clavier. Je suis sortie en bourrasque dans la rue, pour prendre l’air avec dans mon sac un très joli carnet offert par mon collaborateur bien-aimé Victor Duclos. Depuis un moment tous mes carnets font le même format, grande taille, simplement lignés, de sorte qu’écrire est un geste continu, quel que soit le chantier ouvert. Mais là, j’en avais assez, assez. Il est fantaisie celui-là, avec des groupes de pages différentes. Je me suis assise dans le vent. Je suis allée à la section des petits carreaux. J’ai consacré une page au détail des textes sur l’eau que je veux ajouter : écluse-barrage-mascaret (un mal de chien pour retrouver ce mot caché derrière « reflux », tout y est passé, Rouen, Giverny, Léopoldine Hugo…) grandes marées-Atlantide. Alors comme un cadeau, l’origine de cette parole de Selim sur l’eau, comment elle est advenue, s’est proposée et je l’ai notée soigneusement parce que tout se mélange très vite sinon.
Une autre page liste les textes enregistrés (REVOX) par l’énigmatique Monsieur (NDLR : Qui est une dame), répondant à sa proposition « Cambrioler des villes ». Là encore, j’établis la liste et très vite, presque trop pour mes doigts, elle se ramifie et vient s’entrelacer au récit déjà existant. Enfin, une page consacrée à la question de la réécriture, qui me taraude en ce moment, tant elle est multiple et non une comme je l’ai trop longtemps crue. J’entrevois la possibilité d’adjoindre aux textes existants des notes émanant de la personne qui les aura recueillis, traduits, écrits sous la dictée… pas en note de bas de page, cependant. Je n’ai pas envie de ma casser les yeux avec ça. Mais comme un ajout, simplement, se nommant lui-même, s’excusant des lacunes, de la qualité de la compréhension…
Mardi
Et Jaccottet de recenser ce que contient la forme admirablement souple des Cahiers. : « Les scènes parisiennes, vécues, douloureusement subies au moment de la rédaction du livre (…) les souvenirs d’enfance, imaginaires ou réels, enfin les riches méditations inspirées par les lieux (le théâtre d’Orange, les Baux, les Alyscamps), par des personnages historiques ou légendaires, par des œuvres d’art (la Tapisserie de la Dame à la licorne »…
Ces Cahiers de Malte Laurids Brigge sont « pour une part, la plus puissante, un livre de hantises. ». La journée commence très tôt et dans le silence de la maison, je me penche sur le Flotoir de Florence Trocmé, comme nous tou.tes, plus prolixe en été. C’est déjà grâce à elle et à Poezibao que j’avais entrepris ce long côtoiement d’un extrait de Paysages avec Figures absentes de Jaccottet. Ce court extrait suffit à donner la direction de ce qui me permettra de poursuivre ce drôle d’échange : cette biographie de Rilke par Jaccottet. Je pense à l’or de celle de Rimbaud par Bonnefoy, que je n’arrive à lire que par bribes, tant chaque phrase m’entraîne au lointain. Et considérant l’extrait ci-dessus, je me demande aussi par quel mystère je n’ai jamais su lire les Cahiers de Malte Laurids Brigge, nom qui se propose obstinément à moi comme bridge (au lieu de « brigué », plus proche phonétiquement), jeu auquel je ne sais pas jouer. Mais je ne suis pas arrivée jusqu’ici pour (me) démonter à l’idée de lire un livre sur un livre que je n’ai pas lu. Tout au contraire, cette perspective me ramène au polar gantois, à Guermantes, à la Recherche elle aussi toujours un peu contournée et pillée à l’envi, tandis que je sais encore par cœur quelque part dans mes tréfonds Sur la Lecture.
« Les scènes parisiennes, vécues, douloureusement subies au moment de la rédaction du livre… » me rappelle au caractère profondément trouble, fragilisant et laborieux de l’écriture de l’Amnésie de l’Enfance. Tout ce débat intérieur (et je l’entends avec recours obligé à la chambre capitonnée, aux sangles, sinon à la camisole chimique, là où je me débats, où je me cogne) pour ces petits textes de rien, voilà comme je me parle parfois. Mais je ne lâche pas le morceau pour autant (c’est-à-dire que sans rien avouer, je persiste malgré tout). Un petit signe du compositeur Thierry Deleyruelle, hier, en réponse à mon envoi d’Un œuf dans la foule me confortant dans cet entêtement, puisque je lui proposais d’écrire un livret en appui sur cette démarche commune à Bobby Potemkine, Calvin et Hobbes et l’Amnésie de l’Enfance, pour un concert jeune public.
Mercredi
J’apprends à me servir de CANVA. J’apprends à me servir de tas de trucs si on n’y réfléchit. J’essaie de me concentrer sur le verbe : apprendre. Parce que franchement, j’ai beaucoup de réserves sur tout un vent que je brasse, ce bruit que je produis, que nous produisons parce que nous nous débattons, parce qu’il est très difficile de s’extraire des polémiques à cette heure, des faux débats, des… (l’expression m’échappe pendant 20 secondes pleines, je les compte, réjouis) éléments de langage qui flinguent la parole à bout portant. J’apprends des trucs pour espérer en être quitte plus rapidement et retourner à mes premières amours : papier, crayon, solitude. Mais ce petit savoir me sera utile pour la promotion des Fabuleuses (nom mignon trouvé pour les fabulistes femmes contemporaines de Lafontaine, en cours d’encensement commémoratif) avec le Deuxième Texte. J’ai proposé de joindre au défi #JELALIS (choisis une autrice du domaine public, lis son œuvre et parles-en à ton voisin) un désir #JELADIS (choisis une fable de Fabuleuses, apprends-là par cœur et enregistre-toi la disant, puis parles-en à ton voisin des réseaux sociaux). Avec des tutos pour le par cœur.
J’entends la Jeanne : « Y’a pas d’idée que t’as pas » et j’essaie de ne pas regarder mon sous-main calendrier avec trop de mélancolie en pensant au temps d’écriture qui va me filer entre les doigts.
J’ai un plan de travail. Au moment où je le rédige, je me sens super maline : eh, les gars, j’ai un plan. Il est bien. Il n’est pas présomptueux. Ensuite, c’est le matin où je dois le mettre en œuvre. Bien sûr, tout ce que j’écris depuis le plan me paraît faible, forcé et gniagniagnia, il faut bien le dire. Mais je suis déjà passée par cette case, alors j’avance dans le plan, comme une mule corse dans l’aridité : j’ajoute des berceuses d’O. sur l’eau, j’augmente la #L6, et je me penche sur la réécriture de Sofia I, vieillerie de l’été dernier dont je suis profondément mécontente en l’état. Pour ce faire, au lieu de me taper la tête contre mon texte, je prends le temps de relire les parties bulgares de Balkans-Transit de François Maspero. J’ai laissé à Aubervilliers Les Comitadjis d’Albert Londres : en 1931, la Bulgarie du roi Boris II est secouée par des affrontements entre terroristes et contre-terroristes. Une guerre civile larvée oppose de manière chronique communistes, révolutionnaires et ligues fascistes des Balkans. Ces articles sur la « poudrière des Balkans » constituent le dernier livre d’Albert Londres, qui reste sans doute l’un des plus actuels, à la lumière des récents événements qui ont déchiré ces régions. Actuel…, le style m’avait complètement déconcertée (déçue ?). Mais enfin la période tape en plein dans le mille et surtout je compte sur des développements sur l’Hotel Bulgaria. Néanmoins, on ne va pas se tirer les cartes entre gitans : j’ai besoin de peu d’extraits pour me mettre dans le bain, je ne lirai ni Balkans-Transit, ni Les Comitadjis dans leur intégralité, en tous cas pas dans l’ordre et pas maintenant. De ma vie de théâtre, je garde cette capacité à me mettre très vite dans une langue, dans une situation. Pour écrire, il faut simplement que j’arrive à m’accorder cette autorisation — ce que à quoi je parviens finalement après maints tours de chien et danses de la pluie, mais qui reste toujours à refaire à chaque nouvelle occasion… —.
Je m’appuie sur une très vieille expérience. J’avais dû écrire un monologue pour un taxi-boy et je m’étais inspirée d’un texte de Dubliners de Joyce, que j’avais étudié à Boston cinq ans plus tôt. J’avais à l’époque une mémoire du tonnerre et ne l’avais donc pas relu avant de commettre Bazaar Palace, le monologue que je pensais honteusement plagiaire, mais aucun membre de la troupe à qui il était destiné ne lisait Joyce, je pouvais dormir sur mes deux oreilles. Quelque temps avant la première, ma mauvaise conscience ne me laissant pas en repos, je suis allée à la bibliothèque pour relire l’extrait dont je m’étais persuadée avoir copié jusqu’au titre. J’ai donc eu un mal de chien à le retrouver, pas de Bazaar ni de Palace dans la table des matières, mais en insistant, je tombais sur Araby. Sous le coup de la surprise, j’ai tellement ri que j’ai dû quitter la bibliothèque.
Jeudi
Il est peut-être un peu tôt pour lier les choses, mais une idée m’est venue qui, a posteriori, donnerait un contexte, une filiation, aux textes sur l’eau qui viendront scander le livre. En l’écrivant, apparaît une figure d’écorchée familière : au mur de ma chambre, pendant plusieurs années, l’affiche d’une exposition de la BNF sur les écorchés. Le texte écrit je vais y voir une peu. L’œuvre est de Jacques Gautier d’Agoty et elle a un nom d’usage que j’ignorai : l’Ange anatomique… Ce titre ouvre des perspectives troublantes, vascularise des textes déjà écrits sur le corps de Selim.
Gautier d’Agoty a aussi publié une Collection des plantes usuelles, curieuses et étrangères, selon les systèmes de MM. Tournefort et Linnaeus, tirées du Jardin du roi et imprimées en couleur qui sera fort utile à la Soigneuse dès qu’elle aura mis la main dessus. Les autres titres sont propres à composer une nouvelle sentimenthèque, tant ils sont beaux à ouïr :
Cartes en Couleur des lieux sujets aux tremblements de terre dans toutes les parties du monde selon le sisteme de l’impulsion solaire (1756)
Anatomie des parties de la génération de l’homme et de la femme, représentées avec leurs couleurs naturelles, jointe à l’angéologie de tout le corps humain, et à ce qui concerne la grossesse et les accouchemens (1773)
Exposition anatomique des organes des sens, jointe à la névrologie entière du corps humain, et conjectures sur l’électricité animale et le siège de l’âme (1775)
L’histoire de l’acquisition de ces ouvrages me fait envie à dire. Je me sens soudain l’âme d’Anne-James Chaton.
J’épluche également Balkans-Transit, préalablement annoté. Il se trouve aussi dans la bibliothèque serbophile de Xavier Georgin et je pense à nos livres en double ou en triple dans la grande Sentimenthèque. Cette fraternité de dragons et de fêtes dionysiennes avec Pierre-Emmanuel Dubois, que je ne connais que depuis deux jours. Aux États-unis, certaines maisons de retraite bâties à une encablure d’écoles pour petits, proposent aux vieux, aux vieilles et aux enfants de se mettre en binôme pour lire, de devenir Reading Buddies. Au début le vieux ou la vieille lit à l’enfant et si dieu lui prête vie, l’enfant finit par lui faire la lecture. Il arrive fréquemment que l’enfant perde son Reading Buddy, parti planter des choux à Saint Cucufa, mais cette expérience de la vie et de la mort l’aide bien plus qu’elle ne le traumatise. Un.e autre vient occuper la place du Reading Buddy auprès de l’enfant. Et la lecture continue. Les explorations d’écriture du Tiers-Livre sont l’occasion de rencontrer des Writing Buddies, pour quelques pages, un livre, une collection…
Dans Balkans-Transit, que j’avais préalablement annoté, j’ai une petite mine de pistes pour augmenter le chapitre La Route des Balkans. Les bus Proleter (appeler un chat un chat), les monastères où on peut loger, l’usine de Pernik qui figurait autrefois sur les billets de banque et qui n’est plus qu’un décor, la mention du groom tout puissant de l’Hotel Bulgaria, le passage d’un troupeau d’oies au beau milieu d’une rue sofiote, les heures et malheurs du violoniste Sacha Nikolov, dit « mon délice » et l’épisode intrigant de la mer de Sofia.
Je décide d’écrire demain de courtes entrées pour chacune d’elles. Mais d’abord, je réfléchis à une réorganisation de la chronologie des chapitres. Un long épisode balkanique, interrompu par un sommeil de plusieurs années auprès d’un lac et clos définitivement par la mort de Sacha-mon-délice en déportation à Lovetch en 61. Je cherche une temporalité vaguement linéaire, les trous du récit qui autrefois m’inquiétaient en sont devenus une matière, comme la réserve en peinture, ce blanc de l’apprêt de la toile qui demeure apparent par endroit chez Cézanne, chez Modigliani…
Vendredi
Je suis tombée sur ce site qui répertorie des vestiges de l’architecture industrielle du bloc de l’Est. Je suis tombée aussi sur le dernier livre de Volodine. Je pense beaucoup à mon ami Pierre, qui est un de mes relecteurs et avec qui je partage un attachement profond et assez post-exotique pour la culture slave. Nous n’avons ni l’un ni l’autre d’attaches familiales avec la Russie… je m’aperçois que j’écris beaucoup aux alentours de cette idée d’adoption d’une culture et par une culture, par un lieu : quelque chose dont je prends une forte mesure ici, dans le Nord, à chaque sortie à vélo, à chaque regard vers le ciel.
La frontière n’est qu’une chaise posée sur la route herbeuse. On la déplace quand vient une automobile, ou une charrette. Vingt ans plus tard, c’est un temple austère et sévèrement gardé. Entretemps, il s’est endormi près d’un lac.
Asile pour la nuit dans un monastère. Il entend la confession des autres depuis l’étable où on l’a rangé, lui et son tapis de prière.
Sacha-mon-délice, interdit d’orchestre après la fin de la guerre, devient la coqueluche de l’hôtel Bulgaria. Il joue encore magnifiquement, mais surtout il dit des blagues. Elles le conduiront tout droit au camp de Lovetch, battu à mort sur place, qu’est-ce qu’il a bien pu jouer à la fin ? Signal du départ pour celui qui l’entend une dernière fois, de l’autre côté du mur.
La mer de Sofia : sept années de travaux collectifs sur la base du volontariat. Rien qu’un grand trou sec finalement : d’anciennes canalisations romaines emportent l’eau qu’on y conduit, sans qu’on sache pour où. Reste un panneau : ICI FUTUR PORT DE PARLOVO au terminus du tram.
Samedi
Retrouvailles avec Françoise Durif pour parler de son manuscrit, dans la foulée vraiment du Journal d’écriture #16 de François Bon : il est très clair pour moi que la mise en forme est indispensable pour penser un livre. Je ne parle pas de trucs fantaisistes, je ne suis pas de l’école des graphistes, mais simplement se donner les moyens de voir ce qu’on a dans les mains. Ou plutôt de se mettre dans les mains ce qu’on a dans la tête. Un vent de liberté souffle sur les pages de Françoise et ça donne de l’air à la journée qui va doucement vers la fin des vacances, du Polit Buro, du Nord…
La peur de ne plus pouvoir travailler comme je le souhaite me serre à chaque tourne de page, mais ce n’est peut-être que son vestige.
Le plan de travail et la limite du livre dans le temps sont nommés. L’été prochain, si un atelier ville revient, je m’attellerai au chantier abstrait de Valenciennes.
On entourait d’une particulière déférence celui ou celle qui était « restée à écrire » et on lui disait : « Vous avez fait votre petite correspondance » avec un sourire où il y avait du respect, du mystère, de la paillardise et des ménagements, comme si cette « petite correspondance » avait été à la fois un secret d’État, une prérogative, une bonne fortune et une indisposition.
Marcel Proust / Sur la lecture
Une partie de la journée dévolue à faire ma petite correspondance (retour immédiat à cette expression de Proust, et par extension de l’idée du polar Gant/Guermantes). Un service pour un ami dans le cadre d’une fâcheuse histoire de procès qui n’en finit pas. Je pense au Misanthrope relu récemment, à l’importance calamiteuse de la Justice comme ministère dans sa collision avec l’équité dans la pièce. Cela vient se cogner contre L’Atelier d’écriture Case Prison, la longue vidéo de François au sujet de son livre et de ses conséquences. Comme j’ai acheté du papier à lettre pour cette occasion, je rêve un instant à la lettre que j’écrirai à Maître Cliquet, le notaire, pour commencer le livre sur Valenciennes : Mon nom ne vous dira rien, mais mon adresse, beaucoup…mais je rencontre par hasard dans la rue un vieux monsieur qui me demandant son chemin, vient peut-être coiffé le notaire sur le poteau du départ : voilà 40 ans qu’il n’avait pas remis les pieds à Valenciennes. Il cherche la gare. Il finit par me demander mon signe astrologique et me parler du Royal Hainaut, l’hôtel 5 étoiles où il loge… Et puis il y a la libraire des Yeux qui pétillent qui a enfin rit à une de mes blagues aujourd’hui (comme elle expliquait à son employée ce qu’il fallait faire non pour régler le problème de sa caisse, mais pour « libérer Madame », j’ai scandé : LIBÉREZ-MA-DAME !). Elle aussi, pourrait être la première sur ma liste…
Et puis il y aura le manuscrit de Jonzac à reprendre avec l’aide de mes envoyés spéciaux dans les lieux, Will et Camille…
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même rapport au PDF… en lisant cette histoire d’attachement à la culture slave, je pense à Hongrie d’Anne-Marie Garat, l’as tu lu ?
Non, pas celui-là. La Hongrie c’est le cas d’espèce de l’Est !
Les blancs du récit comme réserve. C’est très beau et très inspirant.
Merci Roselyne. Un grand pas en avant dans la Terra incognita du manuscrit pour moi aussi, ce constat.