Tu ne peux pas te mettre debout, pas encore. Ni te redresser. Allongée sur le dos; bras; jambe; main; pied; tendus vers le poisson nuage tu mimes un mouvement. Premier pas de danse sur le dos. Comme marcher sur l’air avec les mains. Te voilà. C’est toi. Tu ne le sais pas. Pas encore. Doigts resserrés au bâton de couleur : bonhomme têtard sans queue ni tête. Rond, trait, croix. C’est toi. Te voilà dans le geste qui trace. Te voilà trace. Tout en jambe tu cours à te briser les dents; tu cloches d’un pied sur l’autre sur une ligne de craie. Dans l’eau tes bras s’esclaffent; tes jambes sont des torpilles: c’est toi qui nages. Quand tu mets ta main en visière pour mieux voir dans le soleil, ce cheval au galop ou cet oiseau qui vole, tu te rêves en lui. C’est toi. A présent tu tournes les pages. Tu vois le monde. Chevaucher ou voler, tu le fais noir sur blanc. Te voilà signe. Te voilà mot. Lire, écrire, chanter, c’est toi. Te voilà. Tu ouvres les bras, tu enlaces. Prends corps d’un corps. Un cri inconnu sort de toi. C’est toi. Dans le bras qui danse avec le pinceau, la musique à fond, dans un élan tu brosses un ciel à tes pieds. Te voilà. Ton pas s’agrandit. C’est toi. Ton geste. Quand ta main se pose sur la paupière, quand tu lui fermes les yeux tu voudrais que ce ne soit pas toi. Tu prends à bras corps une brassée de fleurs. Tu soulèves les meubles avec la force de tes nerfs. Tu ranges les pierres. C’est toi. Assise à la fenêtre tu mâches des lueurs. C’est toi. Tu ne peux plus te mettre debout. Ton poignet a des crans. Ce tremblement quand tu désignes au loin ce que tu ne vois déjà plus. C’est toi. Cette langue. Sans mot c’est toi. Te voilà.
Pour le poisson nuage et ce ciel a nos pieds, merci Nathalie Holt de vos traces, signes, mots. Merci de nous faire voir jusqu’aux couleurs de ces lueurs mâchées.
Merci Ugo.
S’affranchir du temps d’une vie en imprimant cette empreinte personnelle. Belle envolée spontanée (l’est-elle vraiment ?). Merci Nathalie.
spontanée comme d’un seul mouvement d’écriture ? Pas trop de reprises c’est vrai. Merci pour la lecture.
Quel résumé, quel raccourci ébouriffant ! Même pas un tourbillon…une ligne, une flèche, un éclair, c’est tout, déjà la fin…trop rapide, encore une minute…et le visage plein de couleur…dérangement, effroi, émotion…qui s’imprime dans les yeux…qui ne s’oublie plus…
Merci beaucoup Monika ( question de la durée me la suis posée trop elliptique peut-être?)
C’est magnifique ce – c’est toi – qui se répète dans la boucle des gestes.
Merci de tes mots Clarence (toi elle quelqu’une un petit bout de vie)
juste oui à tout ce qui a déjà été dit
Merci Brigitte, votre texte est fort.