Extrait sans Ralenti
Maria était devant moi, je ne voyais que ses jambes battre l’eau. Elle a posé les pieds au sol, elle avait de l’eau jusqu’aux hanches, en arrivant à sa hauteur, j’ai fait la même chose. Nous étions l’un près de l’autre, quand une vague m’a déstabilisé et je me suis retrouvé projeté contre elle et pour ne pas tomber je me suis accroché à son bras, mon corps collé contre le sien, cela n’aurait pas dû avoir aucune importance et habituellement cela n’en aurait eu aucune, mais elle a vu mon regard, je l’ai lâchée, elle savait, je l’ai vu dans ses yeux.
Extrait avec Ralenti
Maria était devant moi, je ne voyais que ses jambes battre l’eau. Elle a posé les pieds au sol, elle avait de l’eau jusqu’aux hanches. J’ai fait quelques mouvements pour arriver jusqu’à elle, je voyais diminuer la distance qui nous séparait, j’ai accéléré, puis mes pieds ont cherché le fond. Mon pied droit s’est mis à plat su le sable, puis le pied gauche. Je me suis redressé, j’ai senti le vent chaud sur ma peau, je voyais les gouttes d’eau qui s’écoulait des chevaux de Maria glisser sur sa peau, mais après j’ai senti une poussée dans mon dos, et j’ai entendu le bruit de la vague. Pour ne pas tomber, je me suis accroché au bras de Maria, et j’ai appuyé ma jambe avant, mes hanches se sont collées contre son dos, elle a crié de surprise et elle s’est retournée, la vague venait de passé, nous étions tous les deux face à face, cela n’aurait pas dû avoir d’importance et habituellement cela n’en aurait eu aucune. Je voulais avec mes yeux la transpercé, qu’elle comprenne ce que j’éprouvais, et en même temps, j’espérais qu’elle ne voit rien. J’ai lâché son bras, espérant que cela suffise. Elle a vu mes yeux, sa bouche s’est fermée, ses sourcils se sont légèrement abaissés, son regard est devenu dur, comme si elle m’interdisait avec un masque les pensées qui me traversaient. Elle s’est écartée de moi, j’ai baissé les yeux, elle a commencé à marcher vers la plage, j’ai attendu quelques secondes pour la suivre. Une autre vague m’a poussé, j’ai résisté pour ne pas la rejoindre.
codicille: Je ne sais pas si c'est un ralenti ou un zoom, est-ce qu'un zoom est un ralenti?
L’expérience est intéressante, vivre une action déjà décrite au ralenti (pour moi, c’est bien un ralenti). La décomposition des mouvements fait la richesse. Bel exercice.
Riche idée de juxtaposer les deux textes : élan de la vague, élan amoureux, décomposés visuellement et psychologiquement. Pour moi, un zoom n’est pas un ralenti ; on peut coupler les deux; ce que tu fais : la bouche, les sourcils, qui disent le refus.
intéressante ta juxtaposition des deux textes.
C’est beau Laurent et c’est triste, enfin, cela m’a paru triste, un peu. Cette vague qui vous emmène l’un vers l’autre et le regard qui arrête. Merci pour le texte. A bientôt.
Je me demande si le premier texte, avec son non dit mais vite compris, n’est pas plus percutant que le second, qui explique, mais dit-il plus ?
Je suis d’accord, mais il y a un élément intéressant dans la seconde version, que j’aimerai gardé, c’est le séquençage de la scène par les vagues, le temps s’écoule.
ps: la seconde version avait un autre atout, c’est qu’elle faisait dix lignes de plus, et moi qui est du mal à écrire, je trouvais ça super, mais je ne crois pas que ce soit un bon argument.