Intérieur nuit | gros plan | une cigale sur un oreiller blanc | au premier plan un corps allongé | flou | tâche de cheveux châtains | coupés courts | air chaud gonflé du bruit strident | nuit d’été | contre-champ | plan rapproché d’une femme | elle dort | couchée sur le côté | yeux fermés | la cigale floue au premier plan | la femme ouvre les yeux | par étapes | puis en grand | voit l’insecte | les écarquille | l’entend | sa tête s’oriente | écoute | sa bouche s’entrouvre | elle s’appuie sur son coude | se redresse | elle regarde la cigale | attentive | tend la main | effleure de son index ses ailes translucides | lui donne une pichenette | se recule | glisse hors du lit | tire l’oreiller à elle | fait le tour | tendue vers l’avant | lancée par des petits pas glissés | dégoût | elle s’approche de la fenêtre | grande ouverte | d’un geste sec | elle projette la cigale au-dehors | hors champ | la cigale tombe à la renverse | sans bruit | un mâle | son chant se tait | nuit noire à la fenêtre | elle regarde la tâche | brune | laissée sur l’oreiller | blanc | elle jette l’oreiller à terre | se retourne | regagne sa place dans le lit | d’une main se gratte à la base du cou | et de l’autre effleure l’arrière de son crâne | secoue ses mains | ensemble | se décharge | comme d’une trace invisible | des vibrations | sur tout le corps | elle se recouche | scrute alentour | agrippe les draps | les remonte sur elle | s’enfouit sous les couvertures | les fait glisser | jusqu’à la base du nez | et s’y s’accroche |
merveilleusement retranscrite la minute de ce film ( qui m’avait laissée un sentiment très ambivalent) . Les gros plans— Insecte femme— C’est construit par touches. C’est d’une objectivité ténue. C’est tendu. On voit tout. Sans effet. On est pris. On est dans l’image. Bravo