« Elle se retira à reculons ; car elle n’avait pas voulu quitter sa robe d’écrevisse. » Elle pensait souvent à ce conte qu’elle n’avait jamais vraiment bien compris, juste retenu que l’écrevisse pouvait rentrer à reculons. Qu’une robe d’écrevisse serait parfait pour rentrer chez elle. Qu’elle n’en n’avait pas. Ce retour maintes fois reculé. Il n’y a plus d’il était une fois, il y a trop de fois. Son chez elle n’avait plus de sens, elle se demandait si on ressentait la même chose quand on avait été volé, une de ces intrusions matérielles où l’on dérobait un ordinateur, un bijou, une télé, c’était peut-être moins pire, on pouvait constater visuellement la perte, le fracas, le bordel ? Le signaler aux assurances, réparer la porte, racheter ses biens. Là elle ne pouvait rien faire si ce n’est rêver en écrevisse, compter les kilomètres avant l’arrivée, sentir le pouls s’accélérer, les jambes trembler, rouler sans voir de paysage autre que celui du désastre intérieur qu’on ne pourrait combler comme on répare une porte enfoncée. Le chez soi était devenu une absurdité même si la porte fracturée n’était qu’intime et invisible.
Oh, votre texte me touche beaucoup, quel mystère que ce grand désastre que l’écrevisse révèle et cache en même temps, envie de le voir se déployer encore davantage
Merci pour ce touchant commentaire…je vais transmettre l idee à l écrevisse…
Rentrer à reculons dans un chez-soi absurde.
Une vraie tristesse dans ton beau texte, qui me touche beaucoup.
Merci !
Je suis en retour ( ce retour là est plus gai) très touchée par ton commentaire. Merci pour l écrevisse ..