La fuite, il reste la fuite. Disparaître aux yeux du monde. Où aller ? se cacher derrière un rocher ? Stupide, trop voyant, trop risqué. Sous un caillou, un petit caillou, dans un tas de gravier. Peut-être, c’est à envisager. Le poids sur nos épaules n’est pas un souci pour nous, nous sommes des poussières, nous ne serons pas oppressés par les tonnes insenssées qui nous submergent de leurs pesantes obstinations. Ce n’est pas suffisant, il faudra descendre encore, pénétrer dans la masse compacte de notre éclat de granit. Face à la surface lisse, il ne faudra pas craindre l’opposition furtive de la texture mosaïque du mica, du quartz et du feldspath, tous trois étincelants sous les rayons solaires. Il faudra insister, se mettre dos à cette parois lisse et pousser de toutes nos faibles forces. Ce sera assez pour pénétrer dans les cavernes de cristaux sans orientation. Si vous avez pris la précaution d’apporter une lampe de poche, son faisceau rebondira à l’infini sur ces merveilles d’une géométrie parfaite. Autour de vous, tout ne sera que lumière et beauté : des gris, des blancs, des rouges et jusqu’aux noirs d’une profondeur d’obsidienne. Vous pourriez passer toute une vie à déambuler dans ces tunnels aux bords coupants, fasciné par ces boyaux tortueux, silencieux. Vous n’aurez pas d’eau car elle est incapable de pénétrer cette roche dure, penser à vous équiper au préalable. Là, peut-être seriez-vous à l’abri pour un temps, mais il faudrait tenir des années. Le pourrez-vous ?
Oui fuir. Et revenir quand les temps seront plus cléments. En espérant que ceux qui sont restés pour faire face nous pardonne notre lâcheté. Sinon il restera la fuite.