Dans ma ville , ils lui avaient fait une place
Un matin des bulldozers ont transformé
Le marché en un champ de ruine
Plus d’étals, plus de fruits , plus de fleurs
Un marché, puis , soudain,
Une énorme crevasse ,
Les rats, en panique, ont fui la place,
Se sauvant à la queue leu-leu
Sur toutes les gouttières du quartier
Envahissant les caves , renversant les poubelles,
Le bonheur des chats sûrement
Dans ma ville , ils lui ont fait une nouvelle place
Enfin, non, ce n’est plus comme avant,
Ils l’ont installé dans des rues en pentes, tentaculaires,
Ça n’arrange personne,
Surtout pas les petites vieilles avec leur caddie,
Les forains voient leur marchandise tomber, rouler
Jusqu’au bas de la pente,
Pommes , poires , oranges finissent flottant
Sur la Marne , emportées par le courant
Dans ma ville, il y avait une place,
Depuis quelques temps, tous se précipitent,
tombent , roulent , s’agrippent à un souvenir glissant,
Sans savoir ce qu’il y aura à la place…
« Depuis quelques temps, tous se précipitent,
tombent , roulent , s’agrippent à un souvenir glissant,
Sans savoir ce qu’il y aura à la place… »
Ces trois lignes agrègent efficacement les images de votre propos.
On voit la séquence en direct. Le bulldozer est un sculpteur impitoyable…
J’aime bien « tombent , roulent , s’agrippent à un souvenir glissant », on y voit le temps qui passe, parfois impitoyable, inéluctable, et les humains dans leur lutte sans espoir, mais leur lutte quand même.