Je suis partie à pied. Prendre le temps de respirer au rythme du son de ses pas.
Descendre une longue rue, passer à travers des routes de campagne. Regarder les longères. Ardoises et tuffeau qui se tiennent la main. Toujours un petit escalier sur le côté, recouvert du bleu des mines de Trélazé aujourd’hui fermées. Petit escalier, promesse de sorties dérobées qui nous tend les bras.
Les peupliers ont commencé à faire signe. Altiers. Leurs petites feuilles s’agitaient, argentées, vertes et jaunes. Tournoiement coloré. Du goudron, je suis passée au chemin de terre avec à son centre un layon d’herbe auquel fait écho de chaque côté une bande herbeuse non touchée par les passages de véhicules agricoles, voitures de pêcheurs ou de chasseurs. Un fossé, tient compagnie à l’allée centrale, fossé rempli d’eau. J’approche de l’Authion. Ses bras aqueux envahissent mon approche. La rivière est en vue, brume matinale. Les vapeurs d’eau se détachent de la surface de l’eau. J’attends presque une fée ou un farfadet qui viendrait me tirer par la manche. J’arrive au bord de l’Authion. Nénuphars, héron apeuré prenant son envol m’accueillent.
Je tourne à droite pour longer la rive qui suit son propre chemin vers la mer qui n’est pas si loin. J’aperçois un tas sur la droite sans pouvoir définir encore de quoi il s’agit. Au fur et à mesure de mon approche l’image se fait plus nette comme quand on ajuste des jumelles. Je suis à côté. Un sac poubelle, noir ouvrait de « façon nonchalante et lubrique son ventre plein » de vêtements usagés. Eventré, sa gueule béante éructait des t-shirts déchirés, des boxers hors d’usage, une chemise manchote, un soutien- gorge délavé, un pantalon sans doute attaqué par l’eau de javel. Une longue rivière de vêtements se jetait ainsi vers la terre, souillée,
qui avait commencé déjà à ingérer ces éléments étrangers. Des feuilles mortes de l’ancienne saison les recouvraient à moitié. Une ronce avait déjà emprisonné de ses tentacules le pantalon qui ne pouvait plus lutter pour y échapper. C’était un monde à boire et à manger, un monde indigeste.
En effet , la nature reprend toujours le dessus, même indigeste , c ‘est elle qui gagne, à se frayer des chemins des plus improbables…
… et quand ça n’est pas un cadavre…
reste à se retrousser les manches et à mettre des gants pour nettoyer, emporter à la benne…
en tout cas la promenade a été gâchée !
(merci Carole pour ton texte)
Ce qui jonche est toujours surprenant, d’oubli, perte d’un vêtement mais tout un sac ?