#écopoétique #7 | ni rien

ni heure ni temps ni calendrier ni emploi du temps ni avant ni après ni jeune ni vieux ni hier ni demain ni même aujourd’hui ni temps ni temps 

ni toi ni moi ni toi et moi ni nous ni eux ni les uns ni les voisins ni les étrangers ni les autres ni elles ni eux ni ceux ni celles ni celui ni même celle ni personne

ni une ni deux ni trois ni quatre ni douze ni vingt-quatre ni plus ni moins ni moins le quart ni moins cent-vingt-cinq ans avant Jésus-Christ ni moins deux-cent-soixante treize virgule quinze degrés Celsius ni même zéro

ni l’air ni le sable ni la mie de pain ni la pierre froide sous la calotte glaciaire des sommets alpins ni la feuille de thé qui lentement infuse dans un bol d’eau fumante ni l’oeil de la perdrix affolée qui se fait tirer dessus par des chasseurs du dimanche ni le nuage qui apparaît et disparaît sans que personne ne s’en aperçoive ni même le drap déchiré

ni l’eau ni les larmes ni le jus des larmes ni le sel du jus des larmes ni les traces que laissent le sel du jus des larmes sur le coin de tes yeux rougis la dernière fois que tu lui accordé un regard après lui avoir dit de partir au plus loin qu’il puisse dans la plus profonde et la plus obscure des grottes derrière la plus grande des montagnes dans un pays dont il est impossible de revenir tant il est inaccessible tant il est loin de ton coeur tant il est ailleurs ni même toi

ni visible ni invisible ni maginaire ni imaginaire ni culte ni inculte ni placable ni implacable ni tolérant ni intolérant ni ignifugé ni igni ni même i ce qui ne veut rien dire

ni dieu ni maître ni déesse ni maîtresse ni messe ni détresse ni vieux ni traitre

ni naître

ni rien

même

A propos de JLuc Chovelon

Prof pendant une dizaine d'années, journaliste durant près de vingt ans, auteur d'une paire de livres, essais plutôt que romans. En pleine évolution vers un autre type d'écritures. Cheminement personnel, divagations exploratives, explorations divaguantes à l'ombre du triptyque humour-poésie-fantastique. Dans le désordre.

10 commentaires à propos de “#écopoétique #7 | ni rien”

    • Oui, je crois aussi. Ces tentatives d’épuisement sont d’une grande richesse je trouve. Il y a un rythme qui s’impose sur lequel s’accrochent les mots qui permet d’aller explorer de curieux endroits. Merci pour ça.

    • Merci Betty. Écrire au couteau comme dirait Annie Ernaux. Mais aussi explorer l’épuisement par un simple mot, jouer avec les vagues qui apparaissent. Je me demande ce qui arriverait en poussant l’épuisement plus loin…

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