ni heure ni temps ni calendrier ni emploi du temps ni avant ni après ni jeune ni vieux ni hier ni demain ni même aujourd’hui ni temps ni temps
ni toi ni moi ni toi et moi ni nous ni eux ni les uns ni les voisins ni les étrangers ni les autres ni elles ni eux ni ceux ni celles ni celui ni même celle ni personne
ni une ni deux ni trois ni quatre ni douze ni vingt-quatre ni plus ni moins ni moins le quart ni moins cent-vingt-cinq ans avant Jésus-Christ ni moins deux-cent-soixante treize virgule quinze degrés Celsius ni même zéro
ni l’air ni le sable ni la mie de pain ni la pierre froide sous la calotte glaciaire des sommets alpins ni la feuille de thé qui lentement infuse dans un bol d’eau fumante ni l’oeil de la perdrix affolée qui se fait tirer dessus par des chasseurs du dimanche ni le nuage qui apparaît et disparaît sans que personne ne s’en aperçoive ni même le drap déchiré
ni l’eau ni les larmes ni le jus des larmes ni le sel du jus des larmes ni les traces que laissent le sel du jus des larmes sur le coin de tes yeux rougis la dernière fois que tu lui accordé un regard après lui avoir dit de partir au plus loin qu’il puisse dans la plus profonde et la plus obscure des grottes derrière la plus grande des montagnes dans un pays dont il est impossible de revenir tant il est inaccessible tant il est loin de ton coeur tant il est ailleurs ni même toi
ni visible ni invisible ni maginaire ni imaginaire ni culte ni inculte ni placable ni implacable ni tolérant ni intolérant ni ignifugé ni igni ni même i ce qui ne veut rien dire
ni dieu ni maître ni déesse ni maîtresse ni messe ni détresse ni vieux ni traitre
ni naître
ni rien
même
merci, ça valait vraiment le coup qu’on s’y essaye….
Oui, je crois aussi. Ces tentatives d’épuisement sont d’une grande richesse je trouve. Il y a un rythme qui s’impose sur lequel s’accrochent les mots qui permet d’aller explorer de curieux endroits. Merci pour ça.
Oh ! Formidable comme ça avance accélère et prend le temps aussi . Le rythme et les images . Merci
Merci Nathalie. Oui, le rythme qui vient comme s’il naissait de l’épuisement et les images attrapées au vol sans qu’on sache d’où elles viennent. J’aime cet abandon.
J’aime les changements de rythme, les étirements de phrases, les cassures de mots, et ce final comme au couteau. Merci Jean-Luc.
Merci Betty. Écrire au couteau comme dirait Annie Ernaux. Mais aussi explorer l’épuisement par un simple mot, jouer avec les vagues qui apparaissent. Je me demande ce qui arriverait en poussant l’épuisement plus loin…
Merci pour ce texte, et les résonances entre les textes! J’aime son organisation (j’avais oublié la consigne des versets!), son fond et sa chute désinvolte! Jubilatoire!
Merci Valérie. J’aime le mot « résonances », d’un écho qui perdure pendant qu’un autre naît.
Quelle magie dans ce texte et sa progression qui me laisse admirative +++ ! Il fallait oser. Cela fonctionne si bien. Merci, Jean-Luc. Pour ces images glissées qui prennent d’autant plus de poids et s’attardent sur la rétine.
Merci Anne. Je me rends compte que l’accumulation des ni est aussi une accumulation d’images qui défilent. Et curieusement, ce ni qui invoque l’absence collecte tant de présences…