Dans mon jardin il y a aussi… l’olivier qu’il faudrait tailler parce qu’on n’arrive plus à passer la tondeuse dessous, j’ai oublié… le ballon que les petits n’ont pas rangé, j’ai oublié… les pommes tombées, véreuses, malades, pourries, j’ai oublié… les petits champignons blancs à lamelles blanches, Les brunettes c’est noir les lamelles, les autres t’y touches pas, j’ai oublié… le tuyau d’arrosage dont on n’a plus besoin, qui traine là depuis quelque temps, j’ai oublié… les graines de fleurs attractives pour les insectes butineurs, trop tard pour les semer, j’ai oublié… la lune, dont on me parle parfois, mais je ne m’en occupe pas, j’ai oublié… le sécateur, au pied du hêtre qui a poussé là tout seul et que j’ai taillé chaque année jusqu’à ce qu’on puisse passer sous ses branches, j’ai oublié… le tas d’herbe coupée, l’odeur de foin frais qui s’en dégage, le soir après la tonte, j’ai oublié… la brouette pleine de noix, j’ai oublié… la vigne, qui s’étire, qui s’élance dans le ciel pour s’accrocher aux branches du prunier, j’ai oublié… l’escabeau qui m’avait servi à tailler l’amandier, et je l’ai cherché longtemps le lendemain avant de m’en souvenir, j’ai oublié… le thym citron rachitique, placé à un endroit trop ombragé et humide, il faut le déplacer, j’ai oublié… le jeu de palets qu’on m’a offert, il est resté la nuit, il a plu, la plaque en bois a gonflé, s’est déformée, les palets ont vite rouillé, j’ai oublié… les slips et les chaussettes que le vent a emportés, j’ai oublié… le mandarinier, ses feuilles ont jauni, j’ai oublié… le lapin, retrouvé allongé au soleil sous le grand noyer, les portes du cellier et du garage étaient restées ouvertes, j’ai oublié… la nuit des étoiles, je voulais sortir voir au moins une étoile filante, on en a reparlé ce matin et ce soir même à la radio et puis… j’ai oublié.