C’est juste du vol – pas grand chose, probablement mais quand même : une espèce de vol – il y a quelque chose de particulier parce que, souvent à mon entrée, très souvent (parfois aux pieds des arbres de l’avenue j’en trouve mais le plus souvent – je n’y vais pas non plus tous les jours) sur la droite, il y a là le monument érigé à une famille d’acteurs et j’en prends là trois – trois, trois comme ceux-ci, assez blancs probablement – à ce moment-là, en début d’après-midi, on arrivait et on allait acheter un escabeau, il faudrait rendre tout de même celui emprunté, les travaux n’étaient pas achevés, les divers objets étaient entreposés dehors, l’espace matériaux de l’enseigne, dehors il y en avait trois ou quatre dont l’un d’eux était celui des personnels déjà assez sali – et là diverses espèces de graviers en démonstration, dans quelques tons allant du blanc au beige puis au noir, sept ou huit peut-être dans de petits récipients en ferraille et passant devant, je ne sais pas bien, je suis allé me rendre compte ils brillaient un peu – c’était assez tentant, j’en ai pris un puis un autre, peut-être avais-je déjà l’escabeau à main gauche, puis encore un autre, trois de forme assez triangulaires, ce qui m’a alerté c’est qu’ils brillaient un peu (sans doute leur matière, un gypse ou quelque chose, accrochant faiblement le soleil d’octobre) je les ai pris et mis dans ma poche arrière. Aussitôt oubliés. Caisse, paiement, ouverture du coffre, abaisser les sièges arrière, refermer et s’en aller. À la maison en arrivant on a été surpris parce que d’escabeau, il n’y en avait plus : il devait avoir été repris (on laisse les clés aux voisins, c’étaient eux les propriétaires du truc : on s’est mis au travail). J’avais presque oublié, et je les ai retrouvés un peu plus tard, sans trop les regarder. Hier en fin d’après midi, au café, je les savais là, bien sûr, et je les ai montrés pour indiquer leur usage (pas uniquement ce texte-ci) et j’ai remarqué la forme de l’un d’eux : on aurait dit une reproduction de la Corse. Ça m’a amusé – on en parlait justement, l’île de beauté dit-on. Mais c’est un rituel, un peu comme avant de se mettre au travail on pose sur la platine un disque quelconque (ça ne se fait plus, non) par exemple là, REM (rapide mouvement de l’œil) et le titre qui dit
c’est moi dans le coin/là/moi dans la lumière
(Perdant ma foi, traduis-je le titre de la chanson) pour aider à entreprendre et terminer continuer avancer et encore (mettre le casque à cause des travaux au cinquième)
j’ai cru t’entendre rire/j’ai cru t’entendre chanter dit-il
et toujours, lorsque j’y vais, j’en pose un au coin de la première (il y a là les restes de nombreux membres de la famille de ma mère) puis une autre, noire, brillante, aux écritures dorées (la famille de mon père), puis enfin une troisième grise, lisse, d’écritures presque aucune, le prénom et le nom de ma grand-mère, et une année. Après il y a peut-être aussi, la position et la place, quelque chose du rapport qu’entretient le lieu avec les points cardinaux, les vents dominants et la lumière du matin. Le mouvement des astres, celui des fleuves, celui des feuilles qui dans le vent, oui. Oui, sans doute, mais je n’y prends pas garde je sais où (en haut, dans le coin gauche. Au droit du côté. Simplement, le poing gauche fermé heurtant légèrement mon côté cœur)
Un commentaire à propos de “# écopoétique #10 | ici là et là”
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J’aime ça, prendre trois graviers et écrire. Pas besoin de plus pour raconter. Merci pour ça.