#écopoétique #10 | déguster une pierre

quel secret non effrité de la pierre son silence
l’irrévélé se plisse en strates dans d’insondables replis

lessivée rongée poncée par les pluies se laisse raviner
dégringole son unicité décrochée de la roche
l’infime devenu pierre

son appel clair entonne un chant inaudible
dévoile l’invisible d’une discrétion d’une pudeur
le signe d’une existence simple

secrète effusion sa tension au creux de la paume
la blessure au poignet la veine minérale
son feuilletage cristallin

sa blancheur de craie moelleuse écrasée
sans laisser trace sur les doigts
à la main revenue au pouce préhenseur
j’agrippe mais ne la possède pas

d’infimes poussières sont brève envolée
leur olfaction tressaille palpitation des narines
ce souffle intense d’une vie passée dans ses mystères

je ne perce pour l’instant aucune révélation
du berceau de la terre de ses profondeurs
la pierre tait jusqu’à son origine

se lèche pour savoir de quelle extraction
de quel sol son origine de quelle promesse son terroir
et le vin à venir

A propos de Perle Vallens

Au cœur d’une Provence d’adoption, Perle Vallens écrit et photographie. Ecrire c’est explorer l’intime et le monde, porter sa voix pour toucher. Publie récits, nouvelles et poésie en revues littéraires et ouvrages collectifs. Lauréate du Prix de la Nouvelle Erotique 2021 (au diable vauvert) et autrice d'un livre de photographie sur l'enfance, Que jeunesse se passe (éd J.Flament), d'un recueil de prose poétique, ceux qui m'aiment (Tarmac), d'un recueil de nouvelles, Faims (Christophe Chomant) et d'un récit poétique et choral, peggy m. aux éditions la place. Touche à tout, pratique encore le caviardage, le cut up (image et/ou son), met en voix (sur soundcloud Perle Vallens ou podcasts poétiques), crée des vidéo-poèmes et montages photo-vidéo (chaîne youtube Perle Vallens)...

6 commentaires à propos de “#écopoétique #10 | déguster une pierre”

  1. « son appel clair entonne un chant inaudible
    dévoile l’invisible d’une discrétion d’une pudeur
    le signe d’une existence simple » c’est si beau ! ( je pense à Félicité ) comme on les goûte tes pierres

  2. si beaux ces fragments ajoutés les uns aux autres avec beaucoup d’obscurité
    je m’arrête sur « le signe d’une existence simple » et sur « ce souffle intense d’une vie passée dans ses mystères »
    aussi cette impossibilité à posséder
    sans compter la chute (beaucoup aimé : « et le vin à venir »)

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