#écopoétique #09(B)| papier peint

au début on gratte avec l’ongle, on tire le plus délicatement qu’on peut. Un lambeau vient ; puis un autre : des lanières de plus en plus régulières . On déchire, le geste se précise – la poussière vole. Une première couche de papier, ici un motif de fleurs, un mètre carré tout au plus : en deux heures c’est assez décourageant, cependant on voit bien la deuxième couche : de fines rayures ton sur ton. On va mettre cette zone à nu, couches après couches, creuser la partie pour le tout, on s’attaquera au tout après. Des rayures en premier dessous et quoi dessous, quoi en-dessous du dessous ? On a vu des photographies de la chambre au fil du temps – faire et défaire la tapisserie comme s’offrir une autre vie. Des fleurs aujourd’hui ; des rayures; et le papier aux petites voitures d’avant – que reste-t-il de l’enfant ? Ou la toile de Jouy jusqu’au mur nu d’il y a cinquante ans. On tente d’attraper une rayure avec l’ongle, un timbre-poste ; on tire, ça se déchire ; on tente plus loin, on gratte : à peine plus . On prend le racloir, on griffe, on fait de la charpie de papier, si on continue on va tout bousiller, jamais on ne verra dessous, couche après couche, comme effeuiller le temps , jamais on ne touchera le fond

A propos de Nathalie Holt

voilà ! ou pas

4 commentaires à propos de “#écopoétique #09(B)| papier peint”

  1. Sisyphe face aux murs. Merci Nathalie. Mais je pense aussi à Jacques Villeglé, lacerateur d affiches.Il s’aidait lui d un petit canif et plus tard d une équipe d assistants armés de pieds de biche.
    « La lacération transforme les mots, transforme les images comme une écriture automatique. » disait ce flâneur ravissant.
    https://france3-regions.francetvinfo.fr/corse/2013/08/20/le-lacerateur-sur-les-traces-de-l-artiste-jacques-villegle-en-corse-304545.html

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