Le liège mâle ouvre des vallées profondes à versants doux où l’on peut croiser coccinelles et pyrrhocoris, tâches en rouge et noir sur une patine claire. Un tapis de quart de feuille d’arbousier pour y glisser à bonne vitesse, laissant le temps d’apprécier les arrondis en bourrelets et les fissurations en lignes brisées.
L’arrivée au liège femelle est dure. C’est un pays de hauts plateaux entaillés à force par des torrents d’air comprimé qui n’offrent que des descentes de falaises. Un déroulement de clématite pour une descente assez lente, ne heurtant pas ainsi de possibles fourmis venues quêter un improbable miellat.
Mais juste en dessous, c’est l’aubier, le cercle de vie ! La baignade est permise à condition de respecter les aménagements de bois non stabilisé. Une lunette stéréoscopique pour se projeter dans les futures architectures d’alternance de strates concentriques entre bois dur d’hiver et bois tendre d’été, persillé de toutes les alvéoles de conduction de sève…
Plus profondément encore, il faut choisir. Un ascenseur de rais solaire pour conduire jusqu’aux terminaisons de parenchyme vert, de couloirs de chloroplastes dans lesquels opère le depuis longtemps breveté procédé de la photosynthèse.
Ou un toboggan de xylème perforé pour plonger dans un partage d’espace indiscernable. La descente est d’abord vertigineuse puis s’alanguit en méandres et rétrécissements simultanés. L’odeur de terre monte jusqu’à être épouvantablement profonde et pourtant tant que dure la racine, on sait qu’on est arbre.
Très beau texte avec une dernière phrase qu’on respire profondément. On se sent vivant. Merci, Philippe, pour ce parcours par arbre transposé.
« Plus profondément encore, il faut choisir. Un ascenseur de rais solaire pour conduire jusqu’aux terminaisons de parenchyme vert, de couloirs de chloroplastes dans lesquels opère le depuis longtemps breveté procédé de la photosynthèse.
Ou un toboggan de xylème perforé pour plonger dans un partage d’espace indiscernable. La descente est d’abord vertigineuse puis s’alanguit en méandres et rétrécissements simultanés. L’odeur de terre monte jusqu’à être épouvantablement profonde et pourtant tant que dure la racine, on sait qu’on est arbre » avec ces mots inconnus connus méconnus reconnus découverts descendre glisser humer respirer se fondre . Quel beau texte . Merci
et on sait combien les racines de l’arbre sont vastes et s’enfoncent profondément dans son terroir
ton texte m’a réveillé ces dessins hallucinants représentant les systèmes racinaires (par exemple ceux de cette publication botanique https://www.lycee-pothier.com/images/Botanique_-_les_racines.pdf )
et on s’est enfoncés dans l’écorce à te lire et « L’odeur de terre est montée jusqu’à être épouvantablement profonde »
enfin tes derniers mots qui me renvoient au début d’une nouvelle lecture et d’un nouveau voyage au cœur du liège…