Je serai bien descendue jusqu’au miocène comme me l’avait proposé le président du service des eaux.
J’ai préféré descendre dans l’abri d’Amir Tibon*
« une seconde, deux secondes, trois secondes. Nous avons atteint l’abri et refermé sa lourde porte en fer. »
Le bunker n’est pas en sous-sol mais à la surface. C’est là que ses filles dorment fenêtre ouverte. Habituellement.
Ils ont refermé la plaque de métal de la fenêtre qui sert à protéger des éclats d’obus comme la porte blindée. Ce matin-là.
L’enfer a commencé. Dans le noir et le vacarme.
ils en sont sortis vivants tous les quatre, sa femme, lui et leurs deux filles
comme sont sortis vivants certains combattants enterrés dans les tranchées
d’autres humains écrasés sous les décombres de leurs maisons
ou ensevelis sous la boue
enfermés dans leurs voitures.
D’autres pas.
Plus jamais sans doute n’auront-ils envie de descendre à la cave
de croire que le monde dure
qu’il résiste parce qu’il est
Plus jamais.
*Les portes de Gaza Amir Tibon christian Bourgois éditeur 2024