Grisaille empierrée au-dessus des têtes
grondeuse menace d’effondrement
Son grain grossi percé à force d’enfler
baudruche d’un coup explosé
son plomb lézardé en trombes
ciel de limon sous la peau
tombé à nos pieds avec la pluie
gouttes pleines amples tremblantes
Mouille-moi jusqu’aux premières cellules
celles de ma naissance
L’eau se déverse plus drue, droite, donne du bâton, cingle le visage brouillé de gris, trouble regard du grand tremblement de ciel
jusqu’à hallebardes me fouette
Frappe, mords, mesure-toi à moi !
La pluie est adversaire redoutable, averses dures à cuire sur l’échine, derme lardé de ses coups
J’attends la caresse de l’accalmie
C’est mettre la pluie à terre, foulée au sol, à pleines bottes dans les flaques, y sauter, la piétiner
Rends-toi, cesse que le ciel s’assèche, tais-toi enfin, apaise-toi, ruisselle de mes épaules jusqu’en bas, répandue, infiltrée, fondue dans la glaise, étanche leur soif à tous, plantes, arbres, animaux et humains, tous gorgé de la même eau.
Perle Vallens
Une immersion qui ressemble presque à un baptême païen, un peu violent, un peu jouissif, une sacrée rincée en tout cas ! Bravo pour le rythme.