J’ai mis au moins 10 minutes à le retrouver, il n’était pas sur le bureau de l’ordinateur, je ne le retrouve pas dans les mails d’hecate010, il a fallu que je branche carrément le disque dur de secours, celui que j’ai acheté l’année dernière quand.
Heureusement, il était là.
Qu’aurais-je fait si je ne l’avais pas retrouvé, mon précieux ? Le seul. S’il était parti, comme le reste, dans les limbes des rêves inachevés, mal mâchés, mal vomis ?
Je ne me souviens pas des rêves de cette nuit. Je me souviens m’être réveillée vers les trois heures du matin, l’heure de sortie d’Agatha, et d’avoir pleuré sans larmes pour que Blanche m’applique un peu de crème au romarin sur mes deux épaules, les strides douleurs m’empêchant de ne faire autre chose que dire que j’avais mal. Je me souviens essayer de trouver une position dans laquelle les douleurs se trouveraient assez bien pour me laisser me rendormir, un peu.
Cinq jours. De repos total. Et les douleurs se ravivent et s’estompent chaque une leur tour. L’estomac, puis les épaules, puis les genoux, puis l’estomac, puis les épaules, puis les genoux. Les épaules jusqu’au poignet, l’estomac jusqu’aux vertèbres, je joue avec quand je peux pour faire sortir la surproduction gazière, les genoux jusqu’aux chevilles. J’attends, patiemment ou pas d’ailleurs. Que se réduise les champs de résonnance. Un peu chaque jour. J’ai cette crème magique depuis le début, au romarin et à la menthe poivrée, notamment, mais je n’ai pas voulu l’appliquer avant. Ce matin, en me relevant, mes épaules me laissaient enfin tranquilles. Une torsion ovarienne, en auto-diagnostique, se fit alors pressante. J’ai encore un peu mal aux coudes jusqu’aux poignets, mais grâce à la torsion, je peux encore attendre un peu avant de remettre de la crème.
En ouvrant le sujet du jour, puisque j’ai plus ou moins choisi de faire du moon-walk sur les propositions en cours, mes yeux ont capté « Bachelard ». Aux temps vous dire que j’ai vainement tenté de me dire de lire le reste, mais sans espoir réel. Une fois que mes cristallins se sont accrochés à un point, je sais qu’il serait plus que contre-productif de. Je fais tout juste semblant aujourd’hui. D’autant que je n’ai pas vraiment d’énergie à gaz-piller.
La pluie, les pluies, l’eau et les rêves, Gaston, facteur, f(acteur) peut être, de la fonction mathématiques de l’acteur en quelque sorte. Celui qui. M’a permis une fois au moins de sortir de l’œil du cyclone. Comme j’y étais bien, là-bas. Pourquoi je n’y retourne pas ? Bonne question :
Youri est métamécien depuis 3 paires d’ailes. Il n’a pas choisi, ses compétences l’ont amené là. De toute façon, ça fait bien largetemps que plus personne ne choisit.
Aunuitd’hui il récupère un artpenti. C’est l’éole qui lui a envoyé. Celle-là même qui l’a formé.
Un courant d’air souffle tout-à-blessure :
-Monsieur Youri ?
Youri tourne l’œil.
-Tu dois pas être bien vieux pour utiliser encore ce mot…
-Euh, non…je ne crois pas.
-Je m’appelle Youri, juste Youri.
-Je ne sais pas comment je m’appelle…
-C’est normal. Pourquoi tu crois qu’on t’a envoyé ici ?
-Je ne sais pas.
-Vraiment pas bien vieux…viens là. Passe moi la page 45. Là, dans le bouquin à droite.
Youri s’essuie les ailes. Il est déjà en avance, il n’avait pas besoin de lui. Mais il sait qu’on ne choisit pas, ce qui lui évite de se poser des questions absurdes.
-J’ai besoin de deux phrases.
La jeune âme ouvre le livre à la page 45 sans savoir pourquoi. Sans même se le demander.
-J’en fais quoi ?
-pose les là, sur l’atelier, et fais attention au mercure.
Elle découpe les phrases et les repose.
Youri jette un œil :
« Telle que les poètes la décrivent ou la suggèrent, telle que les peintres la dessine la femme au bain est introuvable dans nos campagnes. »
-Ok, pas mal pour une première.
« D’ailleurs l’image primitive, l’image de la baigneuse au lumineux reflet, est fausse. »
-Je te laisse la deuxième. Elle est parfaite pour commencer. Tu la prends et tu vas au fond, là bas, je t’ai préparé un atelier pour toi.
Elle prend la phrase et s’efforce d’aller au fond sans se laisser traîner.
-Ne t’inquiètes pas, tu te solidifieras plus vite que tu ne crois.
Il me reste 23 jours avant de. J’ai reçu un mail hier. Je n’ai qu’une paire de pantalons et des chaussures adéquates à amener. Je recevrais deux vestes brodées à mon nom et au nom de l’école. Comme j’ai vu dans les reportages à la télé. Je n’ai toujours pas utilisé mes couteaux.