#écopoétique #05 | le moulin fortifié de Cougnaguet

Le moulin de Cougnaguet dans le Lot, à deux kilomètres de Rocamadour est aujourd’hui classé Monument Historique. La Vallée de la Dordogne à laquelle il appartient fait partie du Parc Naturel régional des Causses du Quercy, c’est un lieu protégé par les normes environnementales. On lit sur le site internet chargé de faire la promotion touristique du lieu que le moulin de Cougnaguet se trouve dans « un cadre préservé », que c’est « une escapade idéale » car on peut visiter d’autres sites autour (la cité sacrée de Rocamadour, le beau village de Souillac, la galerie artistique de Calès…). L’entrée du moulin coûte six euros pour les adultes, trois euros pour les enfants, le paiement ne peut pas s’effectuer en carte bancaire car c’est une « zone blanche ». Hubert, en alternance avec son épouse, se charge de faire découvrir les mystères du moulin, il offre des noix, de la farine fraichement moulue et, quelle que soit l’heure, une eau de vie locale qui arrache la gorge.

Au XIVe siècle, des moines cisterciens ont construit ce moulin, mis en défense pour se protéger des assauts. Comme tous les moulins à eau, il est bâti sur un cours d’eau, l’Ouysse ; la force hydraulique permet d’actionner les quatre meules d’environ 1,5 tonnes chacune. Une large digue retient les eaux du bief dirigées vers un canal qui permet de les répartir dans quatre conduites. Ce sont ces conduites qui alimentent les rouets actionnant les lourdes meules en calcaire et silex. Cette installation fonctionne encore aujourd’hui, une meule nouvellement taillée est même mise en place en 2008 dans un souci de préservation du patrimoine. Le moulin ne fait plus commerce de sa farine, elle est offerte aux visiteurs qui ont pu admirer l’action de la pierre sur les grains de céréales, poussés par la curiosité des traditions ancestrales. Le bâtiment possédait autrefois une porte en ogive que l’on gagnait depuis la rive de l’Ouysse grâce à un pont en bois. Des jours très étroits étaient creusés dans le mur de 1,30 mètres d’épaisseur afin d’empêcher tout passage. Au XIVe siècle, en ces temps troublés par la guerre de cent ans, le moulin se protégeait des attaques et des pillages. Les moines fermaient l’unique porte d’accès sur la rivière (aujourd’hui murée en partie) et ouvraient les quatre vannes à l’intérieur de leur espace protégé. Par la force hydraulique, en quelques instants, les agresseurs étaient noyés.

A propos de Olivia Scélo

Enseignante. Bordeaux. À la recherche d'une gymnastique régulière d'écriture.

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