#écopoétique #04 l Lieux où le monde a mal


Je partais – j’allais partir à la recherche de ces lieux où le monde a mal mais je n’eus pas le temps de faire un premier pas. Mon corps me dit : « J’ai mal ». Où as-tu mal, lui dis-je. « En chacune de mes cellules, j’ai mal ». Pourquoi tes cellules ont-elles mal ? « Elles ont mal de la souffrance du monde dont tu les alimentes. Elles ont mal aux glyphosates, elles ont mal aux particules fines, elles ont mal aux métaux lourds, aux polychlorobiphényles, au pesticide organochloré, au bisphénol A, elles ont mal des meuglements de la vache sans veau dont elles sucent le lait, elles ont mal du mal de la poule encagée dont elles absorbent les caroténoïdes ovulaires, elles ont mal au champs saccagé, au fleuve pollué, au ciel silencieux, elles ont mal à l’ours polaire et au gypaëte barbu. Lamentables buvards d’un monde saccagé ; vaillants, vaillants buvards d’un monde saccagé qui me donnez la vie et l’amour de la vie.

4 commentaires à propos de “#écopoétique #04 l Lieux où le monde a mal”

  1. Je trouve que ces « lieux où le monde a mal » est une belle idée et formule trouvée. On entend un peu Shei Shonagon avec « les choses qui / choses qui font « . Là : « les lieux où ». Perec aussi bien sûr. Bonne avancée dans le cycle.

  2. Les cellules mises à mal dans le monde mis à mal, l’emboîtement invisible qui finit par montrer ses erreurs et ses risques… Gestion du risque nous dit-on. Gérer c’est prévoir rajoute-t-on. La joie de vivre est devenue moins prévisible que la peine de vivre et s’entend autour de soi les soupirs et les sentences de la Fatalité assenée. La notion de « buvard » laisse à imaginer qu’on ne fait éponger une hémorragie de mauvais sang et continuer à écrire l’histoire humaine dans ces conditions paraît hautement teintée de pessimisme. En « phase active »; je suppose que vous nous en direz davantage sur les buvards encore vierges.

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