#écopoétique #03 | sauvage


Ici, pas de gazon net, ras, désherbé, rasé de frais. Pas d’allée de gravillon pavillonnaire. Pas de contour bétonné, de parpaings, de paysage empierré. Non, jardin est prairie voire friche, ses mèches rebelles du paysage, indompté. Est espace sauvage, prairie de mauvaises herbes, liserons, rumex et oxalis, pissenlits et prêles, plantain et trèfle…Les laisser monter haut, à graines, les laisser proliférer, les mellifères, les vivaces, les rustiques. Est terre d’accueil, est refuge pour mulots et hérissons, tous oiseaux chantant, pour tous insectes volant, rampant, grouillant. Et lombrics fouillant la terre au frais, bien à l’abri, dans les secrets racinaires du sous-sol. Ici est caché, tout un univers minuscule gravitant, résistant à la chaleur, au froid sous les feuilles qui tapissent, les contournant, les réduisant à l’état de détritus dont ils se nourriront et dont ils nourriront la terre. Riche l’humus, intouché. Aucun pesticide ici. Rien qui puisse tuer, rien qui n’anéantisse le vivant. Plutôt persister, plutôt poursuivre. Chacun va mourir mais à son rythme, se décomposera, fragmenté, s’ensevelissant dans le sol, le renouvelant, nutriments minéralisés, désagrégés, litière végétale. Une nourriture pour une nourriture.

A propos de Perle Vallens

Au cœur d’une Provence d’adoption, Perle Vallens écrit et photographie. Ecrire c’est explorer l’intime et le monde, porter sa voix pour toucher. Publie récits, nouvelles et poésie en revues littéraires et ouvrages collectifs. Lauréate du Prix de la Nouvelle Erotique 2021 (au diable vauvert) et autrice d'un livre de photographie sur l'enfance, Que jeunesse se passe (éd J.Flament), d'un recueil de prose poétique, ceux qui m'aiment (Tarmac), d'un recueil de nouvelles, Faims (Christophe Chomant) et d'un récit poétique et choral, peggy m. aux éditions la place. Touche à tout, pratique encore le caviardage, le cut up (image et/ou son), met en voix (sur soundcloud Perle Vallens ou podcasts poétiques), crée des vidéo-poèmes et montages photo-vidéo (chaîne youtube Perle Vallens)...

5 commentaires à propos de “#écopoétique #03 | sauvage”

  1. « Chacun va mourir mais à son rythme »
    « Une nourriture pour une nourriture. »
    Le tableau mosaïque que vous décrivez si minutieusement devient virtuel avec les deux belles phrases qui précèdent. Tout d’un coup; on ne voit plus l’image, elle devient inaccessible et c’est le sentiment qui prend le relais. La Nature se lit en profondeur…Cela prend du temps et de l’attention visuelle, auditive et olfactive. Vous cernez bien l’enjeu. et la différence entre Nature sauvage et Nature trafiquée.

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