Ils ont été abandonnés, rebus de plein champ, les vieux bidons rouillés, d’usages anonymes, incertains, de toutes tailles, éparpillés. Les enfants shootent dedans, escaladent, montent dessus, tentent de les percer, de les plier, de les réduire encore, jusqu’à compression, aux pieds. Et encore barres de fer, clous tordus, boulons et vis à ramasser, tiges arrachées à on ne sait quel outil, devenus épée ou sabre laser. Ils jouent à faire semblant dans la carcasse de l’automobile, être conducteur, sur siège défoncé, et la passagère à l’arrière s’auréole qu’une couronne de fleur arrachée au plancher. Toutes les herbes folles ont reconquis la ferraille, la repousse sous le volant, dans le coffre défoncé, et les tiges hautes grimpées par les vitres colonisent l’espace. Vieillerie rongée, délabrée, devenue une cabane ou une batmobile, une fusée ou un bateau sur la mer verte, végétale, ondoyante. Les gosses s’en donnent à cœur joie, jouant de percussions sur métal métamorphe, oxydé, la tentation des plus grands de tout casser. Le saccage est un jeu. Jusqu’à l’arrachage des bardanes et chardons. Et pourquoi pas y mettre le feu ?
L’enfant est un chiendent comme les autres.