Traces, un hommage aux pierres gravées en vallée d’Aure.
On ne voit que ce que l’on connaît. On ne voit pas les gravures sur les pierres alors que presque partout, dans les villages de haute montagne, sur les chemins des estives, on trouve des gravures. La plupart de ces signes nous semble sans valeur parce que le sens échappe à notre connaissance. Les gravures non écrites, les symboles et les pseudo écritures, inventent un langage avec les forces occultes qui habitent le monde. L’échelle est un accès au paradis terrestre ; le carré croisé sur une surface verticale, représentation de la terre et du ciel, sert de marelle pour se jouer du sort, les figures anthropomorphiques ont des têtes de cerf, des têtes de dieux donc, et les croix potencées du Mont de piété disent la douleur de la crucifixion. Sur les traces d’un pastoralisme ancien, sur les sentiers des bêtes, sur la piste des enclos et des cabanes, au milieu des ruines, au bord d’un couloir de traite, on guette les rayures sur la roche, on se surprend à sortir son couteau pour gratter à notre tour la poudre magique, la garder comme porte bonheur dans une fiole, l’utiliser comme pansement avec de la graisse. Puis, avec un simple bâton, écrire des initiales sur une pierre noircie par le feu, O.S, prendre la nature comme témoin, deux lettres sans valeur pour désigner ce qui de moi restera, ce peu de traces, quand elle demeurera.