#écopoétique #02 | la trousse

Dans la poubelle près du bureau du professeur dans salle de classe se trouve une trousse. Elle y est depuis une semaine. La trousse est fermée, la tirette remontée jusqu’au bout sans aucune accroche entre les dents de la tirette qui pourrait faire voir l’intérieur de la trousse. Elle est cylindrique dans un tissu souple. Le tissu ne s’affaisse pas, la trousse est bien cylindrique, indiquant ainsi qu’elle est pleine. Sûrement pleine de stylos, bleu, rouge, noir, vert, d’un bâton de colle, d’une père de ciseaux, d’une petite règle souple, d’un surligneur vert – ou jaune, ou orange, ou rose, ou bleu. Résultat d’un déplacement en voiture dans un supermarché en dehors de la ville pour acheter les fournitures scolaires, une liste dans la main de ce qu’il faut pour le petit frère, parce que les maîtresses fournissent encore des listes dans le primaire alors que les professeurs de lycée ne le font plus, il faut donc se fonder sur la liste du primaire pour remplir le sac du plus grand, en circulant de rayon en rayon, en barrant chaque item l’un après l’autre, en n’oubliant pas de tout multiplier par deux pour qu’une fois à la maison le tas soit séparé en deux, enfin surtout pour les affaires destinés à la trousse, pour les cahiers et autres c’est une autre affaire. La trousse, depuis le 12 septembre, se retrouve dans la poubelle avec tous les objets qu’elle comporte à l’intérieur, tirette bien fermée. Après une semaine, elle se retrouve recouverte de chewing-gum, de mouchoirs, de bouts de papier, de papiers de bonbon, de canettes vides. Chaque personne allant à la poubelle pour jeter une ordure a un temps d’arrêt devant le spectacle de la trousse au fond de la poubelle. Elle a l’air neuve. Ce doit être le produit d’une mauvaise blague. Quelqu’un doit être à la recherche de sa trousse. La farce a cessé d’être amusante. Elle est encore là une semaine après. Personne n’enfonce la main dans la poubelle pour récupérer la trousse. Elle reste là. Et chaque personne la voyant s’interroge.