Des fragments de verre argenté, un morceau de graffite, une boucle de métal, des clous utilisés pour la construction de la cabane, des strass en guise de diamants, des tessons de céramique, le cadre du miroir de la fée, un petit bouton bleu venant de la malle magique de la princesse, une grosse perle bleue, sans doute une des perles ornant le diadème décorant la robe bleue de la princesse, d’autres strass perforés car cousus sur des costumes, des perles, des fragments de plâtre ou d’enduits issus des décorations ajoutées à l’intérieur de la cabane, des fragments de miroir, une vis d’un pied d’éclairage, un fume-cigarette, plus de cinq-cents tessons de verre bleu, des fragments de tissu de la robe couleur soleil de la princesse, un reste de bouteille ayant contenu des produits chimiques pour un usage inconnu, des fragments de plexiglas des vitres de la cabane…
Des rebuts ? Non, juste la liste non exhaustive, de quelques-uns des quatre-mille objets découverts lors des quatre saisons de fouilles archéologiques sur les lieux de tournage de plusieurs scènes du film Peau d’Ane de Jacques Demy ; la cabane où la princesse, Catherine Deneuve se réfugie, la clairière où la fée Carabosse, Delphine Seyrig la reçoit.
L’équipe d’archéologues du CNRS a fouillé plus de quarante ans après le tournage, avec une précision scientifique, sous les feuilles mortes, les quinze centimètres de l’humus forestier.A l’origine du projet, les souvenirs de deux archéologues un peu fous, le premier cinéphile passionné du cinéma de Demy, le deuxième en souvenir de son terrain de jeu d’enfance, son père était propriétaire du château de Neuville, lieu du tournage.
Une épopée singulière et fantasque retracée dans un documentaire, Peau d’âme de Pierre Oscar Levy, vu pendant cette période étrange du confinement.Passionnant de découvrir l’envers du décor, comment les archéologues ont croisé les traces des objets retrouvés, avec la mémoire de certaines personnes de l’équipe du tournage. Comme ce petit clou, planté dans un arbre, toujours présent, qui servait de marchepied à Jacques Perrin pour grimper dans l’arbre et observer la princesse dans sa cabane.
Des objets aujourd’hui archivés aux archives archéologiques du département des Yvelines.Documenter de la même façon la vie humaine en des temps préhistoriques, et la vie matérielle et éphémère d’un tournage, en s’aidant de la mémoire des témoins et de l’œuvre artistique produite, tel était le programme de la fouille. Une épopée fascinante restée dans ma mémoire, comme une trace du confinement.
Cette histoire de fouilles liée à la période du confinement est originale. Quand on est confiné.e. On prend le temps de fouiller le passé sur internet ? Cela laisse penser aussi que la reconstitution du film d’archéologues passionnés par le décor du film de Demy a pu bénéficier d’un terrain insuffisamment déblayé et nettoyé ( question de budget pour le film de Peau d’Âne ?). Mais on voit que l’idée est plus compliquée. Une histoire de château, de forêt et de princesse en mauvaise posture (inceste) se combine avec la fascination pour les trésors délaissés et retrouvés à partir d’archives visuelles et de souvenirs d’enfance. Exhumer des impressions précieuses prend on le voit pas mal de temps et on n’y va pas seul.e. Merci pour cette histoire. https://www.dailymotion.com/video/x8hznk3
Merci Marie-Thérèse pour ce retour détaillé et le passage par ma page. Émue de revoir le petit extrait que vous avez partagé,. Passionnée par l’œuvre de Demy et un dvd attrapé cinq minutes avant la fermeture de la bibliothèque, la veille du confinement, alors que l’on nous
annonçait que la bibliothèque allait fermer pendant une longue période sans que l’on réalise vraiment !
j’aime beaucoup cette histoire de fouilles originales
Merci pour la lecture et le retour, j’ai été passionnée par cette histoire
Un fragment à retenir pour l’anthologie des petits clous, avec celui de Walser (je crois, j’hésite, je confonds peut-être est-ce Kafka, François a évoqué plusieurs fois ce récit sur un simple clou dans les propositions d’atelier). Ce clou-ci planté dans l’arbre pour tourner la scène, fait vraiment histoire !
oui, Walser!