Le wagon restaurant ouvre à la frontière. Le sac de voyage vole et déglingue le thermos de thé qui gicle partout. 300km/h le train c’est rapide. Le ICE en italique qui va trop vite pour ne pas être penché par la vitesse des coussins repose-tête couleur bleue bébé tissu coton bébé allure de futon de ciel.
La plus petite salle de l’école a (elle aussi) son piano à queue. Des rideaux blancs pour cacher le mur blanc. Des rideaux blancs sales pour cacher le mur blanc propre. La terrasse fermée en haut de la tour qui surplombe la nuit noire sans vue. Les larges hautes longues fenêtres ouvrent sur l’obscurité rassurante et son caractère de silence.
Le beurre n’a pas de goût. Ajouter du beurre sans goût n’ajoute pas de goût de beurre. Les bananes au beurre et au sucre se caramélisent et donnent un peu de goût au beurre, finalement.
Hallo Bitte Danke Dankeschön Dankezeï(?) Danke vraiment Bitteschön Enschuldingdung Allez Tschüss Les mots se déplient le restaurant French-friendly avec la gérante et son chien Pastis. La gérante absente et Pastis absent quel dommage. Autour de nous des croûtes on y reconnaît une rue de Paris par-ci, un mot français par-là. Au pied des pancartes Place du Pastis Ici Pastis à volonté Attention je monte la garde un doudou-panier pilou-pilou avec ours en peluche à l’intérieur.
2G, 2G+ c’est moins cool que 3G, 3G+ même quand on ne parle pas d’internet sur les devantures des magasins des restaurants et des bars et des gares. On annonce d’entrée qui se ramène mais se préserve-t-on d’apercevoir le recalé du café de l’autre côté de la baie vitrée avec devant soi son milchkaffee et son gâteau à la crème-sans-goût qui n’a pas plus de goût quand on mange un deuxième gâteau à la crème-sans-goût ou qu’on ajoute de la crème-sans-goût à la crème du gâteau à la crème-sans-goût.
Les balcons donnent sur les autres balcons. Chacun décor miniature. Boîtes d’allumettes les unes sur les autres. Les points communs. Le stock de bouteilles vides bien rangé sur chaque passerelle. Les singularités. Le filet sert-il au chat ou sert-il à l’humain du chat de ne pas s’en faire pour le chat quand il est dehors. Une table, deux chaises. Une guirlande lumineuse éteinte. Quelques plantes. La fenêtre donne sur la cuisine.
Le supermarché comme endroit de découverte. Les objets ne sont pas les mêmes. Les shampoings les brosses à dents les gâteaux les bonbons les chouchous les crèmes. Tout le monde s’en fout mais on y trouve des objets tous les jours qui ne sont pas les mêmes ailleurs et qui manquent quand on est ailleurs. Remplir son sac de petits objets utiles dont tout le monde se fout mais qu’on ne trouvera pas ailleurs quand on s’en ira. On sortira ces objets devenus introuvables une fois de retour avec la sensation d’avoir capturé un échantillon de l’intimité du quotidien de l’ailleurs.
Les chiens déambulent un peu partout. Ils sont aussi nombreux que les humains et portent les mêmes manteaux. Il doit faire trop froid pour donner aux chats l’envie de sortir.
j’aime l’humour de ces fragments. Leur variété aussi. Les choses se déposent on les voit bien. Les espaces. Et cette banane au beurre réjouirait le chat qui ne sort pas.
Merci Nathalie
vrais sourires aux différents échantillons