Elle avance le nez au sol, le sable humide de la grève aspire le pied qui bataille pour se désenliser dans un bruit de succion. La grève est d’un sable noir volcan. Elle tourne la tête à gauche, découvre ce qui l’oppresse : une muraille liquide figée en un surplomb qui avale toute la lumière. Dans ce monde-là, la vague règne par l’imminence de son déferlement, inspirant à la marcheuse la terreur de l’engloutissement. La vague figée est noire. A son sommet écumeux scintille par endroits une lumière lunaire. La marcheuse ne peut rien faire d’autre que de suivre la grève, et redouter le pire.
Texte fort, cauchemardesque… en peu de mots. J’aime
Merci de votre retour Claudine !
Je réponds ici à votre commentaire là. L’imminence est le mot-clé pour moi comme pour vous sans doute — et l’instant à explorer. Je vous remercie et de votre lecture, et parce qu’elle appela la mienne.
bruno, serions-nous sur la plage de Nazaré en attente de « the » vague ? c’est l’évocation de la « muraille liquide » qui me renvoie cette image. pour rien au monde je prends la place de la marcheuse! suis déjà engloutie!!!
Merci Dominique de votre retour. Non, pas de lieu précis, sinon celui d’un cauchemar !
Voici pourquoi je n’apprécie guère la mer, l’océan et leurs mouvances liquides. Je me souviens qu’après le dernier tsunami, on l’a raconté que des personnes exposées n’osaient plus tourner le dos à la mer…
Votre texte m’a rappelé la lecture de « Réparer les vivants » de Maylis de Kerangal et notamment une page : celle où, avant de « débrancher » le jeune garçon – surfeur- maintenu jusque là en vie artificielle afin de prélever ses organes, (et bien qu’il soit inconscient), le médecin ou l’infirmier… branche sur ses oreilles un casque pour lui faire écouter, une dernière fois, le bruit d’une vague et le texte de M. de Kerangal qui accompagne ce geste m’avait paru, à l’époque, d’une grande puissance évocatrice, parlant de cette vague justement …
Merci Françoise, si heureux que ce petit texte puisse susciter des échos (et ceux de Maylis de Kerangal, dans ce roman si fort).
Texte terrible pour moi. Vous écrivez un de mes rêves récurrents. C’est vraiment troublant. Merci !!
Merci Emilie. Après une fausse manœuvre, je vous réponds : pour moi aussi, cauchemar récurrent et terrible. Il me revient aussi sous d’autres formes (publications à venir). A voir avec la mère, sans doute. Ou la figure maternelle, plus exactement. Merci infiniment de votre retour.
oh…. chance d’avoir lu ceci au réveil (pour que le cauchemar soit évité ou chassé)
Merci Brigitte, c’est vrai qu’il s’agit aussi d’un exorcisme !