J’étais à Zadar, sur les quais, où des empreintes photovoltaïques mémorisent de quoi saluer le soleil à la tombée de la nuit, juste à l’heure où le remous des ferries en venant lécher la grève fait résonner l’orgue de chants cétacéens.
Ou bien je tournais autour des quinze kilomètres carrés de Gili Meno, séjournant au Kontiki,entre mer et lac salé qui blanchissent les couleurs de l’île, edelweiss de sable broutées par des chèvres faméliques, chats galeux gobant des lézards tchétchaks, tortues planant au dessus de tables coralliennes
J’étais à Helsinki, dans le plus froid que j’ai connu, cache-nez baissé pour inhaler les chaudes vapeurs de cannelle des Korvapuusti, face à la réplique de glace de la cathédrale, d’une rive du Toohonlahti à l’autre avant la traversée vers Tallinn
Étais-je dans leurs pas , au temple de Songgwangsa, flanc ouest du mont Jogyesan, entre brume et pluie qui ruisselle sur les toits en pente vertigineusement courbe, sous la patine des poutres de dancheong, vent bruissant les bambous, cascade en légers remous?
J’étais en Sardaigne, sinueuses routes di spiaggia , bordées de champs d’artichauts Sa rocca tunda, d’Orestano à Orosei, se détourner passer voir les murales d’Orgosolo
Ai-je enfin réussi à suivre le parcours souterrain de la Louve après sa traversée du Bois Mermet, jusqu’à son union au Flon cheminer sous les voûtes par-dessus lesquelles Lausanne s’est élevée, arpenter l’enfouissement?
J’étais à Madrid, le métro qui débouche directement dans le parc de la Reîna Sofia, trop d’allées goudronnées même si certaines zones commencent à être laissées en friche de biodiversité, barques sur le lac, petits perroquets verts voletant sur palais de verre , souvenirs de mangroves, palmiers d’eau
L’ai-je vu ce village de petites maisons de pierres qui a abrité ton enfance, que tu m’as tant raconté et que tu as quitté brutalement pour fuir cette guerre qui a fait trembler le Liban?
J’étais en forêt d’Aïtone, descendre les gorges de la Spelunca, d’Ota à Evisa, puis Porto, arriver vers Piana pour voir le soleil flamboyer les rochers
Irais-je un jour à Venise tant lue et tant entendue, me souffleras tu ses secrets, toi qui la connais si bien, qui peux échapper à la masse touristique qui m’éloigne indéfiniment , écartelant attrait.
J’étais, suis, serai non loin du Léman, ports et perles, plumes de foulques macroules, cormorans noirs, mouettes rieuses, grèbes huppés et fuligules milouins; écailles de brochets, perches ou ombles chevaliers
La discretion est un joli travers – de belles images – la sérénissime vous attend – bonne route…
Merci, pour cette croisée de chemins, et pour l’invitation au voyage à Venise, (que je garde en précieux laissez-passer plié en 4 au fond d’un portefeuille)
Quelques mots, trois ou quatre lignes, et les dés d’une histoire sont lancés. J’adore ce moment où l’imagination du lecteur prend son élan sur les traces d’un souvenir ou d’un désir. Merci pour ça.
Joyeuse que ces mots aient ouvert brèches ou pistes à emprunter, s’hasarder à musarder suivant les jets de dés, chouette programme. Merci en retour
Cet atelier est pour vous ! Superbe prologue.
Touchée du commentaire, souhaitais de tout cœur une place à bord du Transsibérien ! Merci
belle entrée dans votre monde, Sophie, merci pour la confiance, les petites indiscrétions si bien camouflées de pudeur, et ce qui reste à découvrir – tant !
bienvenue ici !!
Ravie de cheminer avec ces compagnes-présences et compagnons-commentaires de route… merci de l’étape et l’accueil…
me suis embarquée à l’aise dans ce voyage qui a eu tout de suite quelque chose d’envoûtant et de délicieux dans sa multitude d’images
ai apprécié cette forme interrogative pour susciter le côté imaginaire « irais-je un jour » et puis…
on est bien dans la scansion
merci Sophie pour cette formidable proposition…
Magnifique délicatesse de la présence et des lieux effleurés par le rêve.