En revenant, au point de départ, un autre voyageur est là. En rentrant dans l’hôtel, un homme est assis dans le hall, avec une canne blanche et un chien harnaché. Ils font connaissance. Le bruit de ses pas fait un peu sursauter celui qui s’était assoupi. Il s’assoit sur le fauteuil à côté. Il tourne la tête quand le cliquetis du clavier se met à grésiller de façon continue, quand les mains prennent sur les lettres leur vitesse de croisière, quand la pensée s’accélère semble-t-il dans l’espace, dans une illusion de temps qui fait que les mots seraient indiscernables, que le tout du dire semble infrangible, qu’il fait bloc et demande à être poli pour laisser juste la transparence suffisante pour laisser deviner les contours, et sculpter lentement la ville . Le dernier empereur est assis dans ce motel et demande : raconte-moi ton voyage dans la ville. Alors commence la Longue Nuit. Elle commence par la Guerre et la Paix. Les allégories se succèdent, Un homme court au milieu du chemin, son chien le suit – Paix : la caravane en route, puis plus tard, la caravane assoupie – paix toujours, avec un seul mausolée, Douter, la halte , où as- tu été ? Hors du cadre c’est là que ça se dit, c’est hors du cadre que se rencontrent les camions militaires, ou la femme au bord du fleuve. Il remonte l’allée des jardins et la voit encore assise – J’ai traversé le jardin… dans le musée, une peinture d’une piste sans rien autour – Autour du moi s’agrandissait l’espace jusqu’aux murs de la ville ancienne, et au loin les minaret effilés. Alors je prends la direction des minarets, quittant le front de mer.
Des édifices aux flèches élancées, un port, les collines, entourées de minarets de coupoles flamboyantes, d’autres édifices aux larges ouverture, aux portes millénaires tendant leurs arcs vers le ciel, toujours bleu, des passages entre les édifices, les passants s’y promènent sans but, les habitations en contrebas, ce sont de solides bâtisses en pierre, plus bas encore un chemin entre des collines rocheuses, où poussent seulement 3 arbres à flancs de roche : ce matin rien ne bouge, aucun souffle et la sécheresse semble déjà figer le paysage. L’empereur entre dans Babylone, là le temple est saccagé. Sur la plaine le soldat s’endort emmitouflé dans une vilaine parka. Il dort, ses yeux sous sa capuche. Il rêve.
Il remonte le long des quais. Le bruit des sabots derrière. Il se retourne. Un régiment passe et disparaît . Ici les créatures du ciel et les démons livrent bataille contre les humains dans une sphère à l’image du monde. Sur le quai, il s’approche du phare. C’est ainsi, que faisant vivre dans cet hôtel de transit auprès de ce compagnon, le Grand Kublaï Khan imaginaire, ne le quittant pas, il le transporte en secret, caché dans le pli de sa conscience le déployant au dessus d’un rizière, au sommet d’une tour de 40 étages, dans un marché de Hong Kong, sur une place à Taïpei. L’homme assis avec une canne raconte aussi son voyage : l’éclat d’obus, les mois à l’hôpital et plusieurs années plus tard, ce voyage non loin du champs de bataille.
Ici, une autre guerre se prépare, l’empereur se trouve sur le port, il contemple ses vaisseaux, planifie sa stratégie. Dessine comme les anciens samouraï sur le sable l’ordre des attaques, les positions d’attaques et de défenses, les hypothèses des mouvements des troupes ennemies. Pèse le juste et l’injuste pour l’ordonnancement de son camp, consulte ses alliés, favorise ce temps de guerre plutôt qu’un autre. L’idée d’une cérémonie puis d’un lieu où les cavaliers arriveraient tous harnachés dans leurs armures. Ici sur les remparts – ils pourront s’engouffrer dans les ruelles investir la ville basse.
tu réussis à installer une ambiance mystérieuse
on écoute, on regarde les minarets, on se demande à quoi pense ce soldat endormi dans sa « vilaine parka »… mais quelle époque ? et dans quel monde ?
quelque chose se prépare en tout cas, invasion, combats au cœur de la ville basse…
Bonjour Françoise
l’idée était de traverser une galerie comme une salle où des tableaux sont accrochés…les temps se mélangeraient, les espaces confondus jusqu’à ce que le « réel » apparaisse un peu, en laissant le flou pour l’instant, mais j’ai peur d’avoir laissé trop de flou et l’impression d’une confusion…je suis en fait passé à côté de la consigne …mais ce sera peut être à développer et garder ce dispositif ?
je ne sais pas trop, je vais me laisser porter par les ateliers…merci de ta lecture ! A bientôt