Il existe un point de rencontre tenu par un fil invisible.
Le stylo doré est le Soleil qui n’était pas avec moi dans cette matinée de voyage où les essuie-glace s’étaient activés. Lever 6 h et départ 8 h. Le stress de la conduite dans la frénésie du périphérique Paris n’est pas dans mes habitudes de déplacement et se révèle épuisant. Une pause à l’aire _ du jardin des arbres _ m’avait pourtant reposée avant cet affrontement d’une vie que je sais sans la connaître. Une vie de mouvements véhiculaires incessants d’une rapidité frôlant le fulgurant. Et me voilà enfin assise sur une chaise blanche écrivant sur une page blanche dans un carnet vert posé sur une table blanche. Je n’ai pas encore étrenné le salon bleuté invitant au repos de bord de mer. Mes pensées se mettent à glisser silencieusement vers l’avenir. Les mouettes nagent dans le bleu du ciel et leurs ailes déployées sont la légèreté du monde à espérer.
L’important quand vous avez choisi votre destination c’est de s’y tenir. Je ne me rappelais plus ce qui m’avait poussée à l’audacieuse transgression à cette injonction. Plutôt que d’embarquer j’avais décidé de rester à quai là où elle m’avait déposée avec mes bagages. Je l’avais chaleureusement remerciée pour son hospitalité de la nuit d’avant. Oui je lui donnerai des nouvelles, non je ne l’oublierai pas. Un vent glacial me fouette le visage, me renait à moi-même, me laisse en vertige de l’inconnu et déjà je m’enchante de cet univers dont je respire l’énergie à pleins poumons.