BLOC C vu d’en haut. BLOC C béton gris perle. Toit plat hérissé d’antennes. Arrêtes tranchantes. Plongée vertigineuse vers le sol. En accéléré le béton gris et les transparences opaques des fenêtres. Surplomb des balcons. A éviter absolument pour ne pas s’y écraser. Ça défile à toute vitesse. Les gris se mélangent et la grisaille se teinte de bleuités étranges. Autour du BLOC une forêt de BLOCS identiques. Remparts modernes. Au-delà l’invisible monde. Atterrissage sur le bitume noir. Changement de perspective.
BLOC C en face, regardé depuis la fenêtre du BLOC D. La pluie dégouline sur la vitre et crée des lignes carcérales. Le BLOC se strie et ferme les perspectives. Aucune issue. Le BLOC C est un parallélépipède qui se dérobe en partie. Qui ne propose au regard depuis le BLOC D qu’une face. L’eau en souligne les angles nets et permet de recréer les faces cachées. 4 faces identiques qui s’épousent sur une fine crête verticale.et se déplient dans une représentation en 2 dimensions. Un défi. L’homme en bas regarde les cordes invisibles de la façade.
BLOC C attaqué par l’homme presque nu. Son corps blanc se love et ondule sur le ventre dur du BLOC. 3 mètres de nudité grise, qui se multiplient et se perdent dans les nuages au dessus.Balcon suspendu dans l’espace. Ferrailles empoignées par les mains, support des pieds, tremplin pour l’ascension. Répétition lente des gestes. Identiques au centimètre près. A la seconde près. Visage tourné vers la façade aveugle. Zoom. Yeux sur les pores du BLOC C. Mains sur les interstices. Pieds sur les prises invisibles. Ça tient encore. Funambule urbain. Au 34ème, tend un fil entre B et C.
Le vent se lève entre les BLOCS. BLOC C fouetté, lacéré, entouré, embrassé, pétri, dérobé par les bras de la bise. Balancement invisible. Envolée et disparition de l’acrobate. Dissout dans le vent qui dessine des perspectives échevelées. Les BLOCS se mélangent, D et C échangent leurs fenêtres dans le pétrissement du vent fou. Formes géométriques à 8 faces, ou plus. Les escaliers s’évadent de leurs cages, des fenêtres regardent vers le bitume noir. Le BLOC C disjoint, démembré, défait se recompose et se décompose sans cesse sous la puissance créatrice du vent. Et le monde autour apparaît.
Les BLOCS n’en sont plus. Troués, fissurés, laminés et la ville invisible surgit dans les espaces vacants. Une ville immense, avec des gens, avec des choses qui se déplacent, qui ne se laissent pas saisir, qui tracent sans relâche des lignes claires, de l’air, de la lumière, de la couleur, des bruits, des cris, un vacarme ébouriffant, un paysage sonore qui dissout le spectacle dans un tohu-bohu triomphant.