Après déménagement, comment on part de là. Comment on s’empare ? Comment on tient. Comment on comprend. Qu’est-ce qu’on fait là. Recueil face au pylône. Des câbles, la courbure. Entre les pylônes. Entre les lignes haute tension. Suite logique dans l’espace. Les routes vers la ville et ses ronds-points et ses enfants perdus, ses invisibles. Ces points d’où je suis, d’où je sais voir. Vers où je cherche. Seul jamais seul. Complice avec qui je pensais depuis les temps adolescents. Assassiné. Complice avec qui je pense sans plus de réponse qu’en rêve, qu’en vadrouille, qu’en mouvement. Assassiné au Bataclan. Chaos. Souffler. Pas S’essouffler. Usine à gaz pour de vrai. En-dessous. Sous les yeux. Le pylône. Gagner l’escarpement. Le pylône cerclé de brume. Sur la crête. Non pas le souvenir. La lutte de maintenant. Marcher, gravir (à la limite de l’équilibre), courir pour la dépense, faire circuler le sang, se stabiliser. Marcher dans l’idée qu’on s’en fait, marcher dans le vide et l’illusion, mettre le terrain en perspective. Une tombe, l’usine, le pont de la Madeleine, l’épave dans le bois. Un pylône, une croix. Tout ce qui délimite : La rivière, le canal, les rails, les pipelines, les clôtures et les pentes. Trouée vers le sud, jusqu’au port. Par la lecture, par l’interprétation, par la figuration, par la discussion, refaire le monde. Formuler, reformuler. Sentier dans les schistes. L’esprit à la perte. Colère et détresse. C’est par là. Par là. Des berges à explorer. La combe. Ciels qui interpellent, ciels qui se déploient, qui s’élèvent. En être capable de ces matins à la conversation. Vieille cafetière à filtre. Irremplaçable musique et dilution. Faire couler le café. Ouvrir un journal. Où ça mène. Trace, empreinte, tâche. À quérir et révéler. Ça part pas. Musique qui ne me quitte pas. Soulèvement. Chantier de nuit. Perforation. Soudures. Celle qui jouait aux quilles dans l’allée du garage. Celle qui faisait de la bicyclette sans frein. Un souvenir d’elle à la maison de retraite. Celui qui s’évadait. Celui qui jardinait. Encore en stock. Check-point, c’est là que tu t’estompes. Des algecos dans un désert. Pans de mur en solde. Une bâche par-dessus la tête. Détritus dans la neige fondue. Tentes-igloos contre les grilles. Fils barbelés hélicoïdes. Murmures des assoupis. Tous ex aequo à la bordure. Faux bonds et faux rebonds. Levée des brumes sur le Connex.