dans son rêve à elle la scène de théâtre est circulaire ; est en fait un cercle ouvert qui pourrait donner sur la mer, la nuit ; on distingue des lits des chaises et une table dans un décor pouvant être celui d’un monastère, d’un hôpital ou d’une cité universitaire ; des livres, de vieux ordinateurs, des jeux d’enfants et des ustensiles de cuisine remplissent un des lits dont le matelas a été enlevé ; il est surplombé par ce qui ressemble à un long tuyau vertical qui irrigue le lit d’un filet d’eau sonore ; un tapis recouvre la table ; on distingue au fond du décor un vrai cheval attaché à un pieu ; épars des monticules de charbon ; de la nourriture sur une grille à cuire et sur la table ;
des voiles tombent sur le mobilier ; finissent par s’élargir jusqu’à envelopper la scène ; ils renvoient derrière eux une lumière jaune ; laissent deviner des silhouettes en ombres chinoises qui marchent se couchent ou gesticulent ; plusieurs d’entre elles arrivent et parmi elles on distingue des hommes des femmes des enfants mais aussi des oiseaux et le cheval ; grandis ; ils traversent l’espace au son de voix qui d’abord sont faibles puis fortes ; assourdissantes ; s’accouplent aux bruits de pas sur le sol ; se défont pour suggérer de façon presque antithétique des paysages de contes de fables ; ils font voler les livres les ordinateurs les jeux d’enfants les ustensiles de cuisine; on sent une odeur de gras en train de cuire ; dans le brouhaha on saisit les mots : malaria, guerre, peur, départ ; un des lits semble être mis à la verticale ; transformé en une sorte de tambour devant être tendu d’une peau d’animal parce qu’une petite fille de dos en joue ; le son qui plonge dans une transe traverse tous les corps