La fille assise à côté a quitté le canapé et c’est lui qui est venu. Je n’ai pas remarqué tout de suite. Gueule de bois. Le regard uniquement plongé sur les rainures du canapé brun, sorte de velours côtelé. Une chance que personne n’ait vomi.
Je ne le vois pas mais je le sens farfouiller à côté. Des bruits de vêtements et de mouvements. Yeux fermés, plus de musique. Pas certaine qu’il y en ait eu en fait. Il me touche l’épaule.
- Tu veux une cigarette ?
Je savais qu’il me tutoierait. Tous les mêmes.
- D’habitude je ne fume pas mais bon
Ma main va vers lui avant que mon corps ne se soit tourné. Contact des doigts. Froids, sans surprise.
- Une fille là-bas m’a offert son paquet
- Ok. .Tu sais j’ai un peu de mal à parler aux gens en général, alors là…
La fumée sort doucement, aussi léthargique que moi
- Je t’ai juste offert une clope,
- Hum
La pièce se vide et le décor change. Elle se remplit de bouteilles vides et des allers et venues vers la porte d’entrée. Une des filles a laissé son écharpe sur le bord du fauteuil rouge. Noire et légère l’écharpe. Elle va surement lui manquer, une fois dehors, les pieds trempées, en attendant son taxi. J’ai eu une image de son cou long et fin et de l’écharpe entrain de s’y nouer. Je refoule un hoquet, ou un rot.
- Dire que dans une heure je vais bosser….
S’étire en baillant
- t’aurais pas un café ?
Je l’ai regardé tellement de travers qu’il a compris. Où est ce qu’un mec comme lui peut travailler. Pas envie de lui faire le plaisir de lui demander.
Il se lève. Son pantalon beige un peu froissé. Souvenir de l’avoir repéré par ce pantalon là justement.
Il se met à marcher en biais vers la cuisine, a fureter.
- Fais comme chez toi
- Juste un café rapide et je fous le camp.
Maintenant il fouille les placards carrément.
- Le bon vieux café à l’ancienne, je vois le genre de fille, pas de nescafé, trop snob, pas bon pour la planète, le genre qui achète que celui de la torréfaction, équitable, la bonne vieille cafetière italienne, pari que tu en as de plusieurs tailles
J’ai la nausée ; Je cherche quelque chose à dire qui soit juste et qui l’atteigne. Comme un oreiller à balancer au travers de la pièce. Mais j’ai regardé l’écharpe noire et je n’ai rien dit.
La petite cafetière métallisée est à peine posé sur la plaque vitrée sombre que je lui dis de s’en aller. Il dit rien, rechigne pas. Il prend juste l’écharpe noire sur le bord du fauteuil..
Avec un peu de chance, elle est encore en bas avec ses pieds mouillés et son regard froid. Avec un peu de chance. Si elle ne revient pas demain, et les jours d’après, je saurais que c’est bien lui.
codicille : dur très dur le dialogue et je dois dire que dans ce que j’écris je ne m’y colle jamais. Donc merci pour cette proposition qui a le mérite de s’obliger à essayer
Comme un oreiller à balancer au travers de la pièce. Je vois trop bien ! Le dernier paragraphe m’a complètement déroutée. Il va où ?
Merci pour la lecture et le retour ! Il va certainement tuer la femme qui attends le taxi en bas, sans son écharpe !