Il a refermé la lourde porte d’entrée en bois et en verre et il s’est mis à frapper la chienne. Il lui a donné des coups de pied et des coups de poing.
– Tiens, tu fugueras plus sale quiaule
avait-il dit à la pauvre Amie qui fuguait pour ne pas rester avec ces nomades indigents, ces nomades d’un autre temps.
– Tu vas arrêter de fuguer maintenant
avait-il dit dans un même souffle et une même colère. Il bataillait contre lui-même comme il tapait sur sa femme et qu’il a frappé sa fille à plusieurs reprises. Parce qu’il ne comprenait pas qu’elle disait non à tout ce fratras, à ce bordel organisé, pour qu’elle soit bête comme ses pieds et qu’elle s’aperçoive bien plus tard qu’elle était le dindon de la farce
– tiens, prends ça dans ta face ;
– Tu vas arrêter de cogner ?
Il donnait des coups de pied à la petite cocker tricolore qui s’appelait Hulotte
Il ne pouvait pas s’empêcher de cogner et de frapper à part sur ses fistons c’étaient des dieux ces deux là, des dieux comme papa. Il fallait rien faire aux garçons, c’était couru d’avance, ils avaient de l’avance
Les filles, c’est en retard et ça fait des coups de Trafalgar
Avec les garçons c’est le ceinturon mais surtout pas avec mes fistons. Juste des paroles en l’air pour ne pas déplaire. C’est des bons mes garçons, c’est pas des poltrons, c’est des pochtrons comme papa. Faut pas faire de misère à mes fils, mais à ma fille ça oui. Elle n’a pas assez de misère, ça c’est des paroles en l’air. Il faut faire gicler le sang, comme un geyser sanguinolent. Tout ça ce sont des indigents qui n’ont plus le temps d’aller à la messe pour voir ce qui se passe. D’aller à la messe pour aller à confesse. D’aller à la messe pour voir ses fesses. Folle de la messe et molle de la fesse. C’est pas moi qui le dis. Femme folle de la messe et molle de la fesse. Mon dieu quel raffinement dans ces vieux temps. Une femme calculée c’est pas beau. C’est ce qu’il disait dans son bon vieux temps. C’était le bon temps des hommes calculés qui prenaient leur pied avec des règles à calculer et à métrer ce qu’il fallait mettre sous ses pieds.
Tu t’es pris les pieds dans les escaliers et t’es monté à l’échelle. Tu as pris l’escabeau et tu t’es pendu et t’as pas tout vu. Tu t’es foutu en l’air pour ne pas déplaire. T’es qu’un assassin papa. Tu m’as tuée en bas de chez moi. Tu m’as poussée dans les escaliers; Je me suis laissée faire et c’est le coccyx qui a morflé. T’étais cinglé à peu près comme tes frères. T’étais un bon mais t’étais trop pochtron. T’étais sûr de ta mère mais t’as jamais su lui plaire. Alors tu t’en vengé et tu t’es enfermé. T’étais un sacré misère, celui qui peut pas plaire. Celui qui n’a rien dans le pantalon mais tout en-dessous du caleçon. Ton p’tit commerce il n’a pas eu le temps de s’y faire. T’avais rien dans le slip. Tu bandais mou comme Yannick. Et t’étais sec comme un coup de trique. Comme une trique que tu n’avais pas. Même à confesse t’allais pas à la messe. T’aimes le vin de messe mais pas l’eucharistie. Tu aimes les salsifis mais pas le juste prix. Tu aimes les caleçons qui en disent long; Tu aimes les femmes et tu te déguises en femme. Tu aimes les hommes parce que t’es une femme. C’est pour ça que tu bandes mou et que t’es un assassin. Tu as tué ta fille tu as foutu sa vie en l’air, pour pas lui plaire il fallait tout défaire. Défaire le couple et tout ce qu’il y avait dedans. Et dedans il n’y a plus de dents mais des joues pleines de rose qui se voient comme de la couperose alors que c’est juste la fin de sa misère ses joues sont fanées comme celles de ta mère. Elle a les mêmes joues mais pas le même menton. Elle ment comme une arracheuse de dents. T’étais qu’un con et t’as pas tout vu; Il y avait de la concurrence dans l’air surtout dans les vestiaires. T’étais trop petit et t’avais mauvaise haleine. La pire haleine qui n’a jamais existé. T’étais bête comme tes pieds et t’as failli me casser le nez. Mais t’as pas pu parce qu’on t’a empêché. Et c’est pour ça que j’ai le nez tout tordu. Enfin presque, t’as pas trop voulu. Faut pas lui mettre la misère, c’est juste elle la misère, la miséricorde, de dieu le père et de son fils Denis le veau d’or.
Quand t’es parti il n’y avait rien sous le lit. Juste ton chat pour que tu vois pas que tout le monde était parti faire la fête dans ton nid. Il est parti dans un petit coulis. Il est parti en coulant un nœud autour de son cou. Il a glissé il est tombé il n’a pas fait de vieux os. Il est repenti pour faire partir son nid ailleurs. Il a fait un nid ailleurs dans le firmament. Le soir venu il est venu te hanter dans tes rêves. Tes rêves glacés et tu as refusé de le laisser partir ; maintenant il ne reviendra plus te hanter il était émasculé ; il est parti, il est parti en fumée. Toi t’as rien refusé et t’es juste embêtée d’avoir de l’embonpoint ça ne te va pas et tu n’iras pas loin avec de l’embonpoint. Ne te mets pas en colère comme ça, ça ne te va pas. Ne fais pas comme papa
bien de prendre à bras le corps un vrai contenu rugueux et conflictuel !
A la lecture, chercher la rime m’écarte du sordide. Je suppose qu’à l’écriture c’est pareil. L’alexandrin adoucit.
C’est de l’écriture automatique. Je suis en roue libre…
Entraînant, enivrant. En lecture automatique, voire hypnotique. Curieux moment de lecture, enrichissant. Merci.
Ça pour être curieux ça doit être curieux j’en ai bien conscience. C’est écrit comme une chanson. Merci pour votre commentaire, ça me fait bien plaisir.