Quand il me dit ça, nous sommes dans un bar. Nous sommes à la terrasse d’un bar, attablés serrés devant nos bocks. Il a insisté. Non pas qu’il fasse beau, non. C’est déjà la nuit. Cette longue nuit de l’hiver qui se lève à l’embauche pour tomber à peine le boulot terminé (ça ira ?). Nous nous installons là, justement pour être tranquilles, loin des autres à l’intérieur, loin de leurs oreilles et de leurs questions. Le prétexte d’une cigarette (tu as repris ?). Lui tergiverse, tourne autour du pot (voilà… je voulais te dire/oui ?). Et il se lance (tu sais, Elle). Il s’interrompt. C’est difficile et je le laisse patauger avec ses scrupules ; après tout, rien ne l’oblige. Il finit de choisir son camp, le mien. Il avale une gorgée, tire sur sa cigarette et démarre. Il raconte, il rapporte, il balance, il bave, il se délivre de ça (tu vois, je ne pouvais pas ne pas te dire, pas facile, j’ai hésité). Ses mots, ils te vrillent le dedans et puis, tes doutes, ta fatigue, la nuit, l’hiver, la fumée qui irrite, la bière qui échauffe, le rire et la chaleur des autres derrière la vitre (ça va ?). Alors, cette rage qui te monte. Il te confirme ce que tu sais déjà sans vouloir l’admettre. Se dire qu’il faut encaisser. Il te raconte, dans l’hiver et dans la nuit de cette terrasse de bar, une histoire banale. Une de plus, c’est la tienne, la tienne avec Elle, la vôtre en partage avec des millions. Juste une histoire triste de plus (merci à toi).
le merci à toi final… pas mérité
mais merci à toi
bizarrement (?) j’ai vu cette scène se dérouler dans le bar qu’il y a juste à côté du cirque (d’hiver, à Paris) (et donc, non pas bizarrement) (qu’en peu de mots ces choses-là sont dites…)(merci à toi)