Dialogue #2 | hey pomme


Hey Pom’, tu te souviens quand on était petites ? Tu courais vite à la marelle, tu allais de paradis en enfer, d’enfer en paradis et tu nous mettais sous le lit comme ça pas de pipi au lit. Oui on dormait dans le même lit avec le chien il n’y avait plus de place. Oui je prenais toute la place et tu dormais en bas du lit sans que je m’en rende compte. Oui on t’a mise sous mon lit comme ça tu fais pas de bruit. Oui comme ça on fait pas de bruit. Pas de bruit dans la salle de classe. Toi t’es devant moi au fond de la classe. Moi jsuis une cancre toi t’es première mais faut pas l’dire. T’es première au fond de ton lit. T’as tout l’écran pour toi toute seule. Où sont tes aïeules ? Toi t’es première mais faut pas l’dire. Allez Chut c’est un secret pour que tu restes dans le jeu c’est un secret de bébé trouvé dans la poubelle. Ah la la t’es moins belle. Un bébé qui s’échappe des cieux pour gagner la terre 🌎 en moins de deux. Un bébé qui finit aux toilettes. Enfin un fœtus parce qu’on n’a pas pris les précautions. On t’a mise dans l’embarras et tu n’avais pas le choix. Mais où est la folie des hommes ? Où est la folie des dieux ? Où es-tu cachée ma pomme 🍎? (Planque-toi de là, plaque toi de là, plaque tout de là) Où es-tu cachée ? Non, t’es sérieuse ? Dans un trou de souris comme une gueuse ? Qu’est-ce qui s’est passé ma creuse ? Oui ma creuse parce que tu es comme une assiette creuse. Tu manges trop de soupe et tu vas finir comme ma mère : complètement obèse et pas très à l’aise avec ton corps. Qu’est-ce qui s’est passé avec ces messieurs ? Ils t’ont pas laissée tranquille ? T’étais ma copine d’enfance et j’ai rien vu venir. T’étais avec ces messieurs et ils t’ont fait un enfant dans le dos. Tu l’as pas vu venir mais tu l’as bien senti. C’était pas très comme il faut. Ils t’ont violée un peu. Enfin je sais pas trop. Tout ce que je sais c’est que c’était un enfant de trop, un enfant du rien. Tu es venue me voir, on est allées à l’hôpital à Orléans c’était à la Madeleine avec les femmes qui avortent et celles qui vont accoucher, tout mélangé c’est le bagne. Toi t’as pas voulu te coucher, tu as voulu rester debout. Tu avais peur qu’on te fabrique des soucis pas jolis. Comme tu étais trop forte, on t’a appuyée sur le ventre. Mais comme t’étais pas trop forte, toi t’as fini à plat ventre. De toute façon t’avais pas trop le choix, c’était la mort ou ça. Oui oui t’as fait le mauvais choix de l’hôpital c’était pas ça. Ils n’ont pas été très sympa, ils t’ont mise au pilori, avec ton sac à main et tout ça, les gants ça vient après je crois. Ils t’ont vue arriver comme ça et moi j’ai rien pu faire, arrêter cette mascarade ou bien laisser tout faire. Toi t’as gagné des étapes moi je suis restée à quai. Avec tout ça dans ma tête et ta détresse qui se lisait sur ton visage. Oui oui c’était l’effroi, c’était le froid et toi tu n’as pas regretté que je sois là avec toi. Ça m’a embêtée pour toi de voir ta vie en l’air avec un gars qui n’était pas là alors qu’il foutait tout en l’air. Il foutait tout en l’air, il a capoté, la capote était en l’air et pas dans les airs. Ils auraient pu être trois mais toi t’as pas voulu. Être deux être trois, t’as pas voulu tout ça. Il y a des claques qui se perdent et des points à mettre en l’air parce que ce qui se passe ici bas c’est du fric foutu par terre. (Ce qui se passe ici bas, c’est du fric foutu en l’air) toi tu brasses pas d’air. C’était un avortement, c’est légal et t’as pas voulu d’air t’as juste voulu tout foutre en l’air avec cette grande claque dans le ventre qui t’a foutue par terre. T’aurais voulu vivre en l’air avec ce garçon enfin je crois qu’ils étaient trois et tu t’es retrouvée à terre. T’as rien fait pour mériter ça tu aurais pu vivre en l’air sans mériter ça cette misère qui t’a foutue par terre.

A propos de Elise Dellas

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